Manifestation d’extrême droite en plein Paris : la préfecture se justifie sur l’autorisation
EMMANUEL DUNAND / AFP EMMANUEL DUNAND / AFP
POLITIQUE - Un défilé de drapeaux noirs et de croix celtiques qui a du mal à passer. Après la manifestation organisée par le Comité du 9 mai ce samedi 6 mai à Paris, l’inquiétude est toujours vive dans le monde politique, puisque celle-ci a réuni ce que l’extrême droite a de plus groupusculaire et radical en rayon.
Ces manifestants vêtus de noirs (et pour certains cagoulés ou adeptes du bras tendu) rendaient hommage à Sébastien Deyzieu, un militant du groupe pétainiste l’Œuvre française décédé en mai 1994 en voulant fuir la police en marge d’une manifestation interdite. Les images du rassemblement, abondamment relayées sur les réseaux sociaux, ont d’abord provoqué la colère de la gauche.
Mais l’incompréhension a fini par gagner le camp présidentiel. « Ces images de manifestations hier de néonazis masqués dans les rues de Paris sont aussi terrifiantes qu’elles sont scandaleuses », s’est indignée sur Twitter la députée Renaissance de Paris, Astrid Panosyan-Bouvet. Face aux nombreuses indignations, la préfecture de police de Paris a réagi ce lundi 8 mai dans un communiqué, en expliquant que rien légalement ne l’autorisait à interdire l’événement.
Une interdiction précédente cassée par la Justice
« Dans la mesure où cette manifestation n’avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l’ordre public, le préfet de police n’était pas fondé à prendre un arrêté d’interdiction à son encontre », justifient les services de Laurent Nuñez.
« Le préfet de police rappelle que le juge administratif exerce un contrôle attentif au respect de la proportionnalité des mesures prises par le représentant de l’État pour encadrer les manifestations présentant un risque de troubles à l’ordre public », poursuit le communiqué, en citant l’interdiction d’une manifestation d’extrême droite début janvier à Paris, finalement autorisée par le tribunal administratif.
En France, une manifestation ne peut être interdite qu’en cas de risque avéré de troubles à l’ordre public. En janv… https://t.co/abV4nale0A — Préfecture de Police (@prefpolice) Voir le tweet
Une justification qui peut interroger, puisque la Préfecture a ces derniers temps pris des interdictions sans forcément se soucier de leurs viabilités juridiques, à l’image des rassemblements contre la réforme des retraites prévus aux abords du Stade de France pour la Coupe de France, finalement autorisés par la Justice.
La préfecture de Police de Paris assure aussi que la manifestation de samedi « a fait l’objet d’un encadrement adapté par les forces de l’ordre » et que « tout fait délictuel constaté lors de cette manifestation ou que l’exploitation postérieure des images permettrait d’identifier fera l’objet d’un signalement à l’autorité judiciaire ».
En conclusion, la préfecture se dit « pleinement engagée dans la lutte contre tous les phénomènes de subversion violente » et affirme que son service de renseignement a notamment contribué à fonder la dissolution du groupuscule néonazi des Zouaves Paris. Une dissolution qui, de fait, n’a pas empêché les adeptes de ces mouvances de se retrouver sous d’autres bannières, comme c’était le cas ce samedi à l’initiative du Comité du 9 mai.
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Source: Le HuffPost