Au Chili, l’extrême droite victorieuse de l’élection du Conseil constitutionnel

May 08, 2023
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José Antonio Kast, chef du Parti républicain, lève le bras en célébrant l’obtention du plus grand nombre de représentants après l’élection du Conseil constitutionnel, à Santiago (Chili), le 7 mai 2023. ESTABEN FELIX / AP

« Chili, ton ciel bleuté est pur » : au siège du Parti républicain (extrême droite) dans l’agglomération de Santiago, les militants concluent leur soirée de victoire en entonnant l’hymne national, dimanche 7 mai. Les résultats progressifs de l’élection du Conseil constitutionnel, organe paritaire de cinquante personnes chargé de l’élaboration d’une nouvelle Loi fondamentale, ont été accompagnés pendant deux heures de hourras et de drapeaux chiliens agités en l’air. La victoire de l’extrême droite est indiscutable. Le parti né en 2019, porteur du projet le plus conservateur de l’échiquier politique chilien, s’impose comme la première force, loin devant les autres listes, avec 35,4 % des voix.

« Je suis heureux, c’est une punition pour le gouvernement [de gauche], qui n’a pas su comprendre les besoins de la population : la lutte contre l’insécurité et l’immigration », assène José Hidalgo, un instituteur de 61 ans, depuis le siège du Parti républicain. Il fait référence aux thématiques qui préoccupent le plus les Chiliens et nourrissent la croissance de l’extrême droite, favorisée par le caractère obligatoire du vote. « Aujourd’hui je me sens fière, j’espère que cette Constitution fixera des règles contre la délinquance », aspire Isidora Gonzalez, une étudiante de 22 ans, le drapeau de son pays contre la poitrine.

Pourtant, l’immigration et l’insécurité sont des thématiques qui ne sont pas supposées nourrir la discussion sur les fondamentaux de la future Constitution, censée dessiner la nomenclature de l’Etat et les grands principes d’un modèle de société. Le nouveau texte doit remplacer la Constitution actuelle, écrite en pleine dictature militaire (1973-1990).

« Disparition des forces du centre »

« J’invite le Parti républicain (…) à ne pas commettre la même erreur que celle que nous [les forces de gauche] avons commise », a déclaré le président Gabriel Boric, dimanche soir après l’annonce des résultats, faisant explicitement référence à la première tentative de réécriture constitutionnelle. En mai 2021, une assemblée radicalement différente avait été désignée : 155 personnes, majoritairement à gauche et indépendantes. Pendant un an, elles avaient planché sur un texte consacrant de nouveaux droits sociaux (éducation, santé, logement), mais péchant par excès de progressisme, selon ses détracteurs. Le concept d’Etat plurinational, reconnaissant les populations autochtones comme des nations, avait notamment révulsé de nombreux électeurs.

En septembre 2022, 62 % des Chiliens rejetaient cette proposition. Une partie de la gauche a ensuite effectué son autocritique, admettant que les forces de droite ou de centre n’avaient pas été assez écoutées et incluses lors de la formulation du nouveau texte. « Quand le pendule de l’histoire bouge incessamment d’un extrême à l’autre sur un temps court, ce sont toujours les personnes les plus vulnérables qui perdent (…). Le leadership consiste à arrêter ce mouvement pendulaire », a estimé Gabriel Boric, dimanche soir.

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Source: Le Monde