Manifestation de l’ultradroite à Paris : le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, assume de ne pas avoir interdit le défilé

May 08, 2023
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Manifestation de l’ultradroite à Paris, samedi 6 mai. EMMANUEL DUNAND / AFP

Interrogé sur BFM-TV lundi 8 mai, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a assumé de ne pas avoir interdit la manifestation de l’ultradroite à Paris samedi. Le haut fonctionnaire a soutenu qu’il aurait fallu pour cela qu’il « démontre » non seulement l’existence de risques de troubles à l’ordre public, mais aussi « qu’avec les forces de police dont [il] dispose, [il] ne serai[t] pas en mesure de contenir ces violences et ces débordements ».

Selon les autorités, près de 600 militants du Comité du 9-Mai ont manifesté dans le 6e arrondissement de la capitale pour célébrer le 29e anniversaire de la mort accidentelle de Sébastien Deyzieu, un militant d’extrême droite, en 1994. Ces manifestants, habillés de noir et souvent masqués, ont exhibé des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et scandé « Europe, jeunesse, révolution », le slogan du GUD (Groupe d’union défense), a constaté l’Agence France-Presse.

Vidéosurveillance

M. Nuñez a fait valoir qu’à l’occasion d’un précédent rassemblement d’ultradroite en février, commémorant les manifestations nationalistes du 6 février 1934 violemment réprimées, il avait pris un arrêté d’interdiction, lequel avait été annulé en justice. « Il a été considéré que je ne démontrais pas suffisamment qu’il y avait un risque de trouble à l’ordre public (…) Et (...) avec les forces de l’ordre dont je disposais [je n’étais pas] en mesure de le contenir », a rappelé le haut fonctionnaire.

De plus, concernant la mort de Sébastien Deyzieu, « cette commémoration s’est toujours déroulée chaque année et n’a jamais entraîné de trouble à l’ordre public, c’est pour ça que j’ai pris cette décision de ne pas l’interdire », a expliqué M. Nuñez.

Il a souligné que les forces de l’ordre étaient bien présentes aux abords du cortège, à distance. Plusieurs manifestants avaient dissimulé leur visage : « pourquoi n’ont-ils pas été interpellés ? », a demandé le journaliste de BFM-TV. « C’est un délit dans le cadre de la loi anticasseurs lorsqu’il est établi qu’on se dissimule le visage en vue de commettre des exactions, des violences et des troubles à l’ordre public ; ce n’était pas le cas ce jour-là », a répondu le préfet de police, ajoutant avoir l’intention de visionner de nouveau les images de vidéosurveillance pour confirmer cette interprétation.

Aucune « clémence »

« Je vous renvoie aux mouvements qu’organise la mouvance antifasciste : jusqu’à preuve du contraire ils se déroulent de la même façon et nous n’intervenons pas, nous n’interdisons pas ; nous encadrons et nous intervenons uniquement quand il y a des violences et des débordements », a ajouté Laurent Nuñez.

Le fonctionnaire a jugé « absolument inacceptables » les critiques accusant la police d’être plus tolérante avec l’extrême droite qu’avec l’extrême gauche. « Depuis 2017, nous avons plus d’une dizaine de dossiers qui ont été ouverts et qui sont gérés par le Parquet national antiterroriste, nous avons dissous plusieurs structures d’ultradroite, donc il est faux de dire que nous faisons preuve de clémence », a-t-il fait valoir, assurant que les forces de l’ordre surveillent cette mouvance de « très, très près ».

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Le Monde avec AFP

Source: Le Monde