Entre le Canada et la Chine, de nouvelles tensions diplomatiques

May 09, 2023
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La ministre canadienne des affaires étrangères Mélanie Joly, aux Nations unies, à New York, le 22 février 2023. MARY ALTAFFER / AP

Accusé depuis plusieurs mois par l’opposition conservatrice de faire preuve de faiblesse, voire d’inertie vis-à-vis des autorités chinoises, soupçonnées d’avoir multiplié les actes d’ingérence dans la vie publique du Canada, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a décidé de frapper fort.

La ministre canadienne des affaires étrangères Mélanie Joly a annoncé lundi 8 mai l’expulsion du diplomate chinois Zhao Wei, déclaré persona non grata. « Nous ne tolérerons aucune forme d’ingérence étrangère dans nos affaires intérieures. Les diplomates au Canada ont été avertis que s’ils adoptent ce type de comportement, ils seront renvoyés chez eux », a déclaré la ministre par voie de communiqué. Zhao Wei a cinq jours pour quitter le pays.

La réponse de Pékin ne s’est pas fait attendre. « La Chine décide de déclarer Jennifer Lynn Lalonde, consule du consulat général du Canada à Shanghaï, persona non grata », a indiqué le ministère chinois des affaires étrangères dans un communiqué publié mardi, ajoutant que celle-ci « a été invitée à quitter la Chine avant le 13 mai ».

Un article publié le 1er mai par le quotidien canadien anglophone The Globe and Mail alléguait, sur la foi de documents émanant des services de renseignement canadiens (SCRS) datant de 2021, que Zhao Wei, en poste au consulat de Toronto (Ontario) avait orchestré une campagne d’intimidation à l’égard des membres de la famille du député canadien conservateur Michael Chong, qui résident à Hongkong. Ce député, l’un des parlementaires canadiens les plus actifs dans la dénonciation du Parti communiste chinois, avait présenté en 2021, une motion pour reconnaître le génocide des Ouïgours et d’autres musulmans turcophones de Chine.

Intimidations « inacceptables »

Ces nouvelles tensions interviennent dans un contexte où depuis novembre 2022, les révélations de presse s’enchaînent pour relater les multiples tentatives du régime de Xi Jinping d’influencer les élections fédérales canadiennes de 2019 et 2021, ainsi que le scrutin municipal de Vancouver (Colombie-Britannique) de 2022.

Le député Chong avait découvert les agissements dont sa propre famille avait été victime, à la lecture de l’article, tout comme le premier ministre Justin Trudeau. Les responsables du SCRS, avait expliqué ce dernier, avaient jugé que la menace n’était pas « suffisamment préoccupante pour transmettre l’information aux niveaux supérieurs ». Le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre, réclamait néanmoins l’éviction immédiate du diplomate chinois. « Non seulement ce gars n’est pas en prison, mais il est au Canada avec l’immunité diplomatique conférée par Justin Trudeau », accusait-il. Dans la foulée de cette passe d’armes à la Chambre des communes, l’ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu, avait été convoqué le 4 mai par la ministre des affaires étrangères en vue de « réprimandes ».

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Source: Le Monde