Qui est l’ancien élu FN des Mureaux qui a vandalisé l’œuvre de Miriam Cahn au Palais de Tokyo ?

May 09, 2023
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Il est décrit comme « très à droite de la droite » C’est en tout cas en ces termes que le maire (DVG) des Mureaux (Yvelines) se souvient de Pierre Chassin, ancien élu Front national (désormais Rassemblement national) au conseil municipal de la ville, et qui serait l’auteur de la dégradation, dimanche, d’une œuvre de Miriam Cahn au Palais de Tokyo, à Paris (XVIe).

L’homme de 81 ans est suspecté d’avoir aspergé de peinture violette le tableau « Fuck Abstraction » de l’artiste suisse. Une œuvre faisant polémique, ses détracteurs – parmi lesquels Karl Zéro et la députée RN Caroline Parmentier – lui reprochant de faire l’apologie de la pédopornographie. La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, avait néanmoins défendu « la liberté d’expression et de création garantie par la loi », mais le musée était sur le qui-vive.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour dégradation de bien culturel exposé, après l’interpellation de l’octogénaire. Interrogée ce mardi, Marine Le Pen a nié toute responsabilité, attribuant ce geste à un « comportement individuel ».

Les Mureaux, août 2013. Pierre Chassin a quitté le conseil municipal de la ville en 2015. LP/Jean-Gabriel Bontinck

Des propos relayés localement par Laurent Morin, secrétaire départemental du RN 78, qui condamne cet acte. « Notre parti n’a évidemment rien à voir avec ça. C’est une initiative individuelle, de quelqu’un qui ne fait pas partie du Rassemblement national. D’autres militants ont en revanche mené des actions similaires, en les revendiquant et en les menant au nom d’un parti ou d’une association sans être réellement inquiétés. Il y a un deux poids deux mesures qui m’interpelle. »

« Il était très isolé au conseil municipal »

Le suspect serait donc Pierre Chassin, a appris Le Parisien ce mardi, confirmant une information du journal Le Monde. Il avait démissionné du conseil municipal des Mureaux en 2015 et mis fin aussi, au passage, à son mandat de conseiller communautaire à la communauté d’agglomération Seine & Vexin.

À l’époque, il considérait avoir atteint « la limite d’âge » pour un élu. Il menait la liste FN qui, lors du premier (et unique) tour des élections municipales de 2014, avait glané 20 % des voix et s’était classée deuxième derrière celle du maire sortant, François Garay (DVG). Il avait réussi à faire entrer au conseil municipal quatre élus sous la bannière « Bleu marine ».

« Il n’est passé que deux ans chez nous, précise ce mardi le maire François Garay, qui achève son quatrième mandat. C’était donc un adversaire furtif avec des idées tranchées, très à droite de la droite. Par conséquent, il était très isolé au conseil municipal, y compris chez ses colistiers. Il venait d’une autre ville et n’était pas du tout dans l’esprit des Mureaux. Comme vous pouvez vous en douter, on se parlait très peu… »

Ancien partisan de l’Algérie française et mercenaire au Congo

Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et de l’Institut d’administration des entreprises, Pierre Chassin est le fils du général d’armée aérienne Lionel Chassin, un des protagonistes du coup d’État militaire du 13 mai 1958 à Alger.

Étudiant à Science po dans les années 1960, partisan de l’Algérie française, il est très actif au sein de l’OAS à Paris. À 19 ans, alors que l’Algérie vient de gagner son indépendance, Pierre Chassin est pris « d’un grand écœurement vis-à-vis de ce que la France semble être devenue ». Il veut « s’engager dans un combat qui justifie [son] existence ». Et rêve de se « battre pour l’occident ». C’est ce qu’il relate dans son livre autobiographique, « Baroud pour une autre vie », paru en 2000.

Source: Le Parisien