Un cambriolage et un bain de sang, ce que l'on sait ce mardi soir du double meurtre de Grasse
Samedi, vers 8h50, l’infirmière vient comme chaque matin chemin du Santon, un quartier paisible de Grasse, visiter un couple de retraités de 76 et 84 ans. Quand elle pousse la porte du modeste pavillon, elle découvre une scène apocalyptique. Le logement est sens dessus dessous. La maison a été entièrement fouillée. Sa patiente baigne dans son sang, allongée dans le couloir. Dans le salon, son mari, un ancien maçon gît également sans vie. "Les victimes portent des traces de coups sur la partie supérieure du corps", indique Damien Savarzeix, le procureur de la République de Grasse, dans un communiqué daté de mardi. La soignante comprend immédiatement qu’il s’agit d’une scène de crime et que rien ne peut ranimer ses patients. Elle alerte aussitôt les secours.
Une fenêtre de la maison est restée ouverte. La voiture des victimes a disparu. L’émoi dans le quartier est considérable et c’est avec soulagement que les habitants ont appris mardi l’arrestation d’un suspect. Le procureur de la République de Grasse a confirmé que dès dimanche, un homme avait été arrêté. "L’exploitation de la vidéoprotection des communes voisines a permis de retracer partiellement le parcours de l’agresseur présumé", ajoute le magistrat. L’individu est actuellement interrogé par la brigade criminelle de la police judiciaire de Nice. Après la première audition du suspect, le procureur a précisé: "Le mis en cause ne reconnaît pas les faits et donne des explications peu cohérentes nécessitant de nombreuses vérifications."
Un suspect au lourd casier
Jérémy, âgé de 32 ans, se disant sans domicile fixe, l’individu, décrit comme très athlétique, a dix-huit condamnations à son casier judiciaire. Il devait subir une expertise psychiatrique tant son comportement est étrange. L’expert avait pour mission de définir si son état de santé était compatible avec son placement en garde à vue. Ce qui est le cas. Une autre expertise plus poussée devra définir ultérieurement le degré de sa responsabilité pénale au moment des faits. Selon l’évaluation psychiatrique, elle peut être entière ou altérée voire abolie.
Une arrestation au Cannet
Dimanche aux alentours de 15 heures, des riverains de l’avenue Franklin-Roosevelt au Cannet alertent la police municipale: un individu au volant d’une voiture stationnée devant une supérette, vitres ouvertes et musique à fond, sème le trouble sur la voie publique. Les policiers municipaux arrivent rapidement sur place pour procéder à un contrôle et à une verbalisation. Ils se retrouvent face au principal suspect, qui donne une fausse identité. Les agents reconnaissent sans difficulté ce trentenaire qui a grandi au Cannet, bien connu des services de police et de la justice pour défaut de permis, cambriolages et autres petits délits... Lorsque ces derniers lui demandent à qui appartient la voiture, il assure que c’est "une amie" qui lui a prêté. Après vérification, les agents découvrent que le véhicule est celui volé sur la scène de crime. L’homme, qui est en possession de résine de cannabis et semble sous l’emprise de stupéfiants, est immédiatement interpellé. Un employé de la supérette avec qui il semblait discuter quelques minutes avant l’arrivée des forces de l’ordre, est lui aussi interpellé et auditionné, avant d’être mis hors de cause.
Autopsie et déferrement
Les victimes seront autopsiées ce mercredi matin. Un examen médical essentiel pour déterminer les causes exactes de la mort. Il est acquis que le cambrioleur a frappé ses victimes. Elles portaient toutes deux des traces de coups visibles à l’œil nu. L’individu a-t-il été violent avant, pendant ou après le vol? A-t-il pu bénéficier d’une éventuelle complicité? A l’enquête de le déterminer. Le suspect sera présenté mercredi après-midi au parquet de Grasse. Une information judiciaire sera ouverte et l’homme devrait, selon toute vraisemblance, être mis en examen pour vol avec violences ayant entraîné la mort. Un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité qui évite tout débat sur l’intention meurtrière.
Source: Var-matin