"Une grosse bêtise" : après un rodéo dans un centre commercial près de Nantes, il purgera sa peine à domicile
Matisse T. était jugé ce mardi en comparution immédiate à Nantes, après des rodéos effectués dans un centre commercial il y a quelques jours à Orvault. S'il a évité la prison ferme, il devra porter un bracelet électronique pendant douze mois.
Le Figaro Nantes
La vidéo avait fait le tour des réseaux sociaux. Vendredi 21 avril, trois individus s'étaient introduits au sein du centre commercial E. Leclerc Orvault Grand Val, près de Nantes, en scooters et motocross, provoquant la stupeur des commerçants et clients. Le 4 mai, l'un des acteurs de cette scène a été placé en garde à vue avant d'être jugé en comparution immédiate ce mardi 9 mai. Au terme d'une audience d'un peu plus d'une heure, Matisse T., 20 ans, habitant de Couëron, a été condamné à douze mois d'emprisonnement qui se feront à domicile par bracelet électronique.
«Je suis satisfait au regard de ce qui était requis, 21 mois en tout avec détention. Finalement, il ne dort pas en prison ce soir, c'est une grosse satisfaction», a réagi son avocat Maître Tran, avocat de la défense, en sortie d'audience.
Incarcéré en détention provisoire depuis quatre jours, le jeune homme né en 2002 s'est présenté à la barre, sous escorte, vêtu d'un jogging et d'une veste bordeaux, dissimulant un tee-shirt paré d'un logo du PSG. Jugé pour la conduite d'un véhicule non homologué compromettant la sécurité des usagers du centre, mais également sur des voies de bus, sans gants ni casque, le ministère public avait aussi décidé de le juger pour une histoire d'usage et de trafic de stupéfiants remontant à 2021.
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Repéré grâce à la vidéosurveillance d'une station service
«C'était de la bêtise, c'est l'effet de groupe», a expliqué le pilote passionné de moto au président à propos du rodéo. Plusieurs vidéos ont aidé les enquêteurs de la cellule de lutte contre les rodéos urbains de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) nantaise à le retrouver. Celui-ci n'a pas donné le nom de ses acolytes par crainte de représailles. Le motocross jaune qu'il conduisait n'a d'ailleurs pas été retrouvé mais a aidé à l'identifier via l’exploitation des images de vidéosurveillance d'une station-service Total, où il avait acheté du carburant par carte bancaire.
«Il n'y a pas de raison particulière. J'ai pris conscience que c'était une grosse bêtise», a réitéré Matisse T., interrogé par le président sur les motivations l'ayant conduit à entrer dans la galerie marchande. Il assure qu'il n'a pas été inspiré par d'autres faits similaires produits par des individus d'autres régions, notamment en Isère.
Interrogé par son avocat sur la vitesse à laquelle il circulait dans la galerie du Leclerc, le jeune adulte raconte : «je suis resté en première, on roulait au pas». «On est passé dans l'allée, on n'a blessé personne heureusement», poursuit-il à propos du passage de 45 secondes dans le centre.
142 opérations de lutte contre les rodéos autour de Nantes en 2023
«Je tiens à rappeler qu'il suffit d'une ou deux secondes pour blesser quelqu'un», a souligné le procureur, décrivant un «phénomène d'ampleur national très préoccupant» qui peut avoir des conséquences gravissimes. Celui-ci a rappelé qu'en 2022, 399 opérations de lutte contre les rodéos ont été menées dans la région nantaise, et déjà 142 depuis le début de l'année, soit des «moyens colossaux». Le représentant de l'État a requis 18 mois d'emprisonnement ferme avec un maintien en détention au risque de la réitération des faits, avec une révocation du sursis de trois mois, pour celui qui a notamment été condamné pour délit routier par le passé, et était actuellement sous sursis probatoire et contrôle judiciaire.
L'avocat Me Tran a, à l'inverse, plaidé pour un aménagement de peine, évoquant «un dossier qui ne méritait pas l'émoi qu'on en a fait depuis plusieurs semaines», fustigeant la médiatisation nationale. Il a défendu un jeune homme coopérant, qui a reconnu immédiatement les faits, aussi bien dans l'affaire de stupéfiants que dans la conduite de motocross. Après avoir fait remarquer que son client, traité pour ses addictions, ne consommait plus qu'occasionnellement de la drogue, il a aussi mis en avant son parcours professionnel. Titulaire d'un CAP en mécanique automobile, Matisse T. travaille désormais en tant que mécanicien poids lourds en intérim, avec potentiellement un contrat à venir grâce à des formateurs bienveillants.
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Des arguments qui ont visiblement touché les juges. Matisse T. est ressorti libre, avec dix mois d'emprisonnement et une révocation de son sursis probatoire en cours à hauteur de deux mois, soit douze mois à purger à domicile via un bracelet électronique. Il écope également de deux amendes de 100 euros, et deux de 150 euros, et n'a plus le droit de se présenter dans la galerie commerciale pendant deux ans. Il n'a pas non plus à rembourser les plus de 7000 € qu'avait réclamés le centre commercial Leclerc, au titre d'une dépense supplémentaire liée à une mission de surveillance du parking pour les mois de mai et juin.
Source: Le Figaro