L’ancien président américain Donald Trump reconnu responsable d’agression sexuelle à l’issue d’un verdict historique

May 09, 2023
384 views

L’ancienne chroniqueuse de presse, E. Jean Carroll, lors de son arrivée au tribunal fédéral de Manhattan, à New York, le 25 avril 2023. SETH WENIG / AP

Moins de trois heures de délibérations ont suffi pour parvenir à une unanimité historique entre jurés, mardi 9 mai à New York : un ancien président, Donald Trump, a été reconnu responsable au civil d’une agression sexuelle. Il est condamné à verser 5 millions de dollars (4,56 millions d’euros) à sa victime. Le procès, étalé sur deux semaines, faisait suite à une plainte déposée par la chroniqueuse E. Jean Carroll, qui accusait Donald Trump de l’avoir violée il y a plus de vingt-cinq ans dans les vestiaires d’un grand magasin de la ville.

Les neuf jurés devaient se prononcer sur dix questions. La seule à laquelle ils ont répondu par la négative concerne le viol. Non, ont-ils estimé, Donald Trump n’a pas violé E. Jean Carroll, ce qui suppose une pénétration. Mais sur tous les autres points, la victime a été confortée et reconnue dans son récit. Oui, elle a subi une agression sexuelle. Oui, M. Trump l’a touchée de force, l’a blessée, méprisant ses droits en toute conscience. Oui, enfin, Donald Trump s’est rendu coupable de diffamation en 2019, portant atteinte à la réputation et à l’honneur de E. Jean Carroll, en sachant qu’il travestissait les faits. « Je ne connais pas cette femme, je ne sais pas qui elle est », répétait le favori des primaires républicaines, en octobre 2022, sur son réseau social Truth Social. « Et même si je ne suis pas censé le dire, je le dis ! Cette femme n’est pas mon type », ajoutait-il.

« Aujourd’hui, le monde connaît enfin la vérité, a écrit E. Jean Carroll dans un communiqué. Cette victoire n’est pas seulement la mienne, mais celle de chaque femme qui a souffert parce qu’elle n’était pas crue. » Une fois la décision annoncée mardi, la réaction de Donald Trump n’a pas tardé. « Je n’ai absolument aucune idée de qui est cette femme, a-t-il écrit en lettres capitales sur Truth Social. Ce verdict est une honte, une poursuite de la plus grande chasse aux sorcières de tous les temps ! »

« Il ne peut avoir de procès équitable à New York »

Ses avocats ont annoncé qu’ils feraient appel. Tout serait de la faute des jurés, estiment-ils, trop biaisés dans une ville acquise aux démocrates. M. Trump « est ferme dans sa conviction, partagée par beaucoup de gens, qu’il ne peut avoir de procès équitable à New York », a réagi Me Joe Tacopina. Au cours de sa plaidoirie finale, lundi, l’avocat avait souligné que « les gens ont des sentiments très forts au sujet de Donald Trump, c’est évident. Il y a un temps et un lieu secret pour cela : cela s’appelle les urnes lors d’une élection ». Mais Joe Tacopina, malgré ses efforts pour identifier des contradictions dans le récit de la victime ou instiller le doute sur ses motivations, n’est pas parvenu à ses fins.

Il vous reste 53.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde