Guerre au Soudan : plus de 700 000 personnes déplacées ; des civils réclament des armes

May 09, 2023
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Des réfugiées soudanaises reçoivent des rations alimentaires du Programme alimentaire mondial, au Tchad, près de la frontière avec le Soudan, le 9 mai. ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Plus de 700 000 personnes ont été déplacées par la guerre au Soudan, deux fois plus qu’il y a une semaine, a annoncé l’Organisation des Nations unies (ONU) mardi 9 mai, sans aucune issue en vue après plus de trois semaines de combats entre l’armée et les paramilitaires. Pillages et combats ont continué pour le vingt-cinquième jour de suite à Khartoum, tandis que des centaines de membres des tribus Beja ont manifesté à Port-Soudan, une ville côtière à 850 kilomètres à l’est de la capitale, réclamant des armes pour combattre aux côtés de l’armée.

Depuis le 15 avril, la guerre oppose le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al-Bourhane, au général Mohammed Hamdan Daglo, commandant des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), devenus rivaux après avoir mené ensemble le putsch d’octobre 2021.

Le conflit a déjà fait plus de 750 morts et 5 000 blessés. Près de 150 000 réfugiés ont quitté le pays, tandis que les déplacés à l’intérieur du Soudan sont désormais plus de 700 000, selon l’ONU, plus du double par rapport aux 340 000 recensés mardi dernier. Beaucoup ont fui Khartoum, une ville de 5 millions d’habitants où ceux qui restent vivent barricadés chez eux. Sans eau ni électricité, avec des stocks de nourriture quasi épuisés et de moins en moins d’argent, ils survivent sous une chaleur écrasante grâce à des réseaux de solidarité entre voisins et proches.

Hôpitaux hors service

Mardi, des combats ont eu lieu dans différents quartiers, selon des témoins. Au début du conflit, l’armée avait affirmé que « des sommes astronomiques » avaient été volées lors de combats autour d’une agence de la Banque centrale. Mardi, la fédération des banques soudanaises a reconnu que des « pillages » ont touché « certaines banques à Khartoum », mais affirmé que les économies des Soudanais sont « entièrement préservées ».

Le réseau téléphonique ou Internet va et vient au gré des efforts des compagnies de télécommunications qui peinent à trouver du carburant pour faire tourner les générateurs. Plus aucun hôpital ne fonctionne et la majorité des réserves humanitaires ont été bombardées ou pillées. Tout comme au Darfour, dans l’ouest du pays, frontalier du Tchad. Avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim. Si la guerre se poursuit, jusqu’à 2,5 millions de personnes supplémentaires auront faim quotidiennement, prévoit l’ONU.

Le conflit « menace l’approvisionnement en nourriture et en biens de première nécessité du Soudan du Sud ainsi que ses exportations pétrolières, qui passent par Port-Soudan », sur la mer Rouge, un débouché vital pour ce pays enclavé, a rappelé mardi Hanna Serwaa Tetteh, l’envoyée spéciale de l’ONU pour la Corne de l’Afrique.

L’ONU a prévenu que sur les 800 000 réfugiés sud-soudanais installés au Soudan, 200 000 pourraient faire le chemin en sens inverse. « Un défi », a averti Mme Tetteh, pour le Soudan du Sud où « les deux tiers de la population ont déjà besoin d’aide humanitaire ».

Quant aux discussions préliminaires sur un cessez-le-feu temporaire que les deux camps ont engagées à Djedda, en Arabie saoudite, elles ne semblent connaître aucune avancée. Le responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, arrivé dimanche à Djedda et déjà reparti, a proposé aux deux parties de s’engager à « garantir le passage de l’aide humanitaire » via une déclaration de principe, a déclaré mardi le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde