A quoi devrait ressembler l'OL de John Textor, de la modernisation du scouting au maintien de Laurent Blanc ?
A l’Auditorium du Parc OL,
« Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire différemment. » C’est par cette formule que John Textor a conclu mardi soir sa première conférence de presse dans la peau de PDG de l’Olympique Lyonnais. Même s’il s’est présenté à l’Auditorium du Parc OL avec une veste de survêtement du club, il a assuré que ses nouvelles fonctions ne l’étaient que « par intérim ». « Ça ne durera pas longtemps, a précisé le propriétaire américain de 57 ans. Ce club a besoin d’un PDG basé ici, ancré dans l’histoire et la culture de la région. C’est un des meilleurs jobs possibles. »
John Textor, qui s’est montré extrêmement bavard durant près d'une heure, et encore davantage amateur de digressions que Jean-Michel Aulas, a précisé avoir commencé les recherches pour ce poste clé lundi. Avant de filer dîner avec Laurent Blanc, le boss d’Eagle Football a d’emblée tenu à saluer mardi JMA, « une légende » après ses 36 ans de présidence de l’OL, jusqu’à son éviction lors d’un conseil d’administration vendredi. Puis le propriétaire d’une « famille de clubs », entre Botafogo (D1 brésilienne), Molenbeek (D2 belge) et Crystal Palace (Premier League, en tant que copropriétaire) a donné des pistes sur trois chantiers majeurs à Lyon que vous décrypte 20 Minutes.
Le scouting sera-t-il bien l’un des axes forts de ce nouvel OL ?
John Textor n’a pas mis longtemps à considérer l’OL comme « sous-développé sur le plan du scouting », avec sa mince équipe de quatre recruteurs supervisés par le directeur de la cellule Bruno Cheyrou. A voir le Floridien revenir à trois reprises durant sa conf sur la problématique scouting/data, on comprend bien qu’il s’agit de LA priorité de l’été côté lyonnais.
Je veux investir de manière conséquente dans le scouting, la détection de joueurs. On veut augmenter notre nombre de recruteurs traditionnels présents sur les terrains. On veut être extrêmement efficaces sur les ressources de recrutement, les datas pour analyser les performances de milliers de joueurs. En un temps court, on peut ainsi réduire 10.000 noms en 300 noms pour avoir une liste de cibles plus facile à exploiter, et éviter de perdre temps et argent dans des voyages. On doit absolument être engagés sur le scouting. »
Après une gestion « à l’ancienne » avec Jean-Michel Aulas, l’OL s’apprête donc à envisager marcher sur les traces du récent vainqueur de la Coupe de France, le TFC de Damien Comolli. Quant au sort de Bruno Cheyrou, clairement menacé par la fin de l’ère Aulas (pardon, de la « transition » comme la nomme Textor), tout comme le directeur du football Vincent Ponsot, l’homme d'affaires américain est resté hyper évasif, précisant simplement : « On ne va pas supprimer des postes mais en ajouter ». Pas certain que les deux anciens bras droits de JMA soient rassurés par ce soutien aussi timide de leur patron.
Laurent Blanc pourrait-il faire les frais du départ d’Aulas ?
Coleader de la Ligue 1… sur la phase retour (9 victoires, 4 nuls et 2 défaites), l’Olympique Lyonnais poursuivra-t-il cette dynamique en août prochain avec Laurent Blanc sur le banc ? Les rumeurs s’intensifiaient depuis quelques jours au sujet de l’avenir délicat de l’ancien entraîneur du PSG. Mais pour le coup, John Textor a été concret sur ce dossier : « Je soutiens notre coach et je veux le voir à la tête de notre prochaine équipe. Je veux lui donner la force, la ténacité et l’expérience/le leadership qu’il a demandés de manière très spécifique, et que nous n’avons pas obtenus durant le dernier mercato hivernal. Je ne pense pas que le coach a ce dont il a besoin pour challenger ses joueurs ».
Ici lors du match de folie, dimanche contre Montpellier (5-4), l'ancien dribbleur de Botafogo Jeffinho a montré de belles promesses pour ses débuts sous le maillot de l'OL. - Mourad ALLILI/SIPA
Non seulement Lolo White devrait donc rester en Ligue 1, mais avec un effectif renforcé, puisque son patron vise « le meilleur mercato lyonnais depuis des années ». On imagine plutôt bien que celui-ci sera moins lunaire que celui de l’hiver dernier, malgré l’arrivée 100 % Textor du déroutant Jeffinho (Botafogo). Mais au fait, l’homme d’affaires US est-il coutumier d’une valse de coachs dans ses trois autres clubs ? A Crystal Palace, il a participé dès son arrivée à la nomination de Patrick Vieira sur le banc, en août 2021, à la place de Roy Hodgson. Puis rebelote, mais dans l’autre sens il y a deux mois, alors que Crystal Palace (12e) est en passe d’assurer son maintien en Premier League. Du côté de Molenbeek, qui est en passe d’accéder à l’élite belge, John Textor a par contre toujours maintenu sa confiance à Vincent Euvrard, après avoir racheté le club en janvier 2022.
Dernière configuration à Botafogo, où le proprio de l’OL n’a pas hésité là aussi à vite limoger l’entraîneur en place Enderson Moreira, à son arrivée au printemps 2022. Durant la conférence de presse mardi, John Textor est revenu de manière intéressante sur la cote de popularité très fluctuante de l'actuel coach portugais de Botafogo Luis Castro.
On m’a conseillé de virer l'entraîneur un nombre incalculable de fois au Brésil quand on a repris le club en mars 2022. Mais moi, je savais qu’on avait un bon coach et un homme bien, ce qui est le plus important. Grâce aux datas de performances, on voyait plus de choses que les fans, et notamment que les gens travaillaient à 100 % de leurs capacités. A la fin de la saison, on nous a finalement trouvés intelligents de ne pas avoir cédé face aux critiques. Et fin 2022, Luis Castro a été envisagé comme le prochain sélectionneur du Brésil… »
Laurent Blanc pourra donc voir le scénario qu’il veut dans ces configurations très différentes. « On doit s’engager à donner les outils à notre coach, qui a une expérience formidable pour remporter des succès », a tout de même insisté John Textor.
L’OL parviendra-t-il cette fois à conserver ses meilleurs jeunes ?
La question est un classique auprès des suiveurs de la formidable académie, surtout dans une saison marquée par la vente (puis le prêt) de Malo Gusto à Chelsea. Alors forcément, lorsque des jeunes comme Castello Lukeba, Rayan Cherki, Bradley Barcola et même Saël Kumbedi flambent en Ligue 1, ils semblent aussitôt destinés à vite fuir. Cela sera-t-il encore le cas cet été ? Là aussi, au milieu de tunnels de réponses parfois aux frontières du hors sujet, John Textor s’est montré pertinent : « Chaque jeune footballeur de l’OL rêve de jouer pour Lyon mais il se voit aussi un jour à Manchester City ou Chelsea. Ces jeunes doivent nous faire confiance et partager avec nous leur plan de vie. On peut leur faire sentir qu’on se soucie d’eux, quels que soient leurs rêves ».
John Textor s'est montré bavard et souriant mardi, durant quasiment une heure de conférence de presse. - JEFF PACHOUD / AFP
Le PDG intérimaire poursuit : « S’ils nous font confiance, de plus en plus de joueurs vont vouloir jouer pour nous, et je pense que c’est la bonne façon de construire une organisation. C’est l’amour qui remporte des titres. Le meilleur moyen d’être sûr que les jeunes joueurs veulent rester avec nous, c’est de continuer à les aimer et de les soutenir, des fans à l’administration ». All OL need is love ? C’est l’avis de John Textor, qui tient dans ce sens à « investir sur des joueurs qui veulent grandir avec nous ». Le tout afin d’enfin viser mieux qu’une hypothétique qualif à l’arrach en Ligue Europa Conférence comme cette saison ? « Pour ce club (actuellement 7e en Ligue 1), participer à la Ligue des champions doit être l’objectif chaque saison, insiste l’homme fort de l’OL. Si on ne va pas en Ligue des champions à la fin de la saison 2023-2024, ce sera un peu un échec, n’est-ce pas ? » Prends ça, Giannis Antetokounmpo !
Source: 20 Minutes