Marine Le Pen prend ses distances avec Axel Loustau, homme-clé de ses débuts au Front national

May 10, 2023
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Marine Le Pen à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), le 16 avril 2022. AGNES DHERBEYS/MYOP POUR « LE MONDE »

« Un comptable. » Voilà comment Marine Le Pen désigne Axel Loustau, l’ancien trésorier de sa propre association de financement, éminent participant de la manifestation néofasciste organisée samedi 6 mai dans les rues de Paris. La présence, aux côtés du Gotha de l’extrême droite violente, de M. Loustau, conseiller régional du Rassemblement national (RN) en Ile-de-France jusqu’en 2021, cadre mal avec sa volonté de rassurer l’électorat manquant. « Tous les gens qui, à un moment ou un autre dans leur existence et dans les cinquante ans d’existence du Front national, ont eu une responsabilité de comptable ou même d’élu ne font pas partie de mes proches », a-t-elle déclaré, mardi 9 mai, sur Sud Radio. Elle a ensuite dénoncé cette manifestation « masquée et en uniforme », sans s’attarder sur les idées véhiculées. En décembre, Marine Le Pen avait demandé, dans un courrier à la première ministre, Elisabeth Borne, la dissolution des « groupuscules extrémistes » ; y compris ceux d’extrême droite, qui constituaient pourtant pour elle un vivier de candidats, voire de cadres intermédiaires.

C’était le cas d’Axel Loustau. Dans la vidéo transmise par le Comité du 9 mai, organisateur du défilé, on voit l’ancien pilier du Groupe Union Défense (GUD, mouvement violent et antisémite) participer à l’hommage au militant d’extrême droite Sébastien Deyzieu, dans la cour pavée où il trouva la mort en 1994. Il y côtoie Olivier Duguet, autre ancien trésorier du microparti de Marine Le Pen. Frédéric Chatillon, l’autre ancien gudard en affaires avec Marine Le Pen, le plus proche des trois, était resté chez lui, en Italie, non sans soutenir le rassemblement. Les trois quinquagénaires étaient aussi côte à côte en 2019, dans le box des prévenus du tribunal correctionnel de Paris, pour le procès des malversations du microparti Jeanne, à l’issue duquel MM. Duguet et Chatillon avaient été condamnés et M. Loustau relaxé.

Jeanne avait été créé à l’automne 2010 pour aider financièrement Marine Le Pen à prendre la succession de son père, qui tenait les cordons de la bourse frontiste avec son propre microparti. A l’en croire, Marine Le Pen avait donc confié le destin financier de son ascension politique à deux hommes qu’elle connaissait de loin. Aux premières années de la présidence de Marine Le Pen, M. Loustau est pourtant un homme omniprésent au Front national.

« Absolument pas un proche »

M. Loustau et Mme Le Pen se connaissent depuis leurs études sur les bancs de la faculté d’Assas – leurs pères respectifs étaient déjà intimes. « Mais, elle et moi ne sommes devenus amis qu’à la fin des années 1990, disait-il en 2016 au Parisien. J’ai plus son oreille que d’autres. Pas parce que je suis son pote, mais parce que j’ai une compétence de chef d’entreprise. »

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Source: Le Monde