Crise du logement : " Après plusieurs mois de recherches, nous avons fini par accepter un deux-pièces sans lumière et extrêmement bruyant "

May 10, 2023
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Le paiement du loyer et la recherche de logement deviennent une source d’angoisse de plus en plus répandue, même auprès des Français bénéficiant d’un revenu stable. Certains n’arrivent plus à se reloger en raison du niveau des prix et des complications administratives. A l’instar de Kheira (qui a souhaité rester anonyme, comme tous les témoins), 31 ans, qui partage avec sa sœur un studio de 18 mètres carrés dans la métropole de Lyon. Sa situation dure depuis cinq ans.

Divorcée, la jeune femme est venue du Nord pour trouver un emploi dans la région lyonnaise. Employée dans l’informatique, elle gagne un salaire mensuel de 1 300 euros, en contrat à durée indéterminée. Malgré un revenu stable et permanent, Kheira ne parvient pas à trouver un appartement abordable, dans un périmètre raisonnablement proche de son emploi, situé dans le 9e arrondissement de Lyon. « Dans les annonces du secteur privé, l’appartement de 30 mètres carrés coûte au minimum 700 euros par mois. Les agences me demandent des garants et une caution d’un montant triple du loyer, c’est impossible pour moi », témoigne-t-elle.

Faute de trouver une solution dans le privé, la jeune femme a actionné le dispositif de droit au logement opposable, en faisant valoir les critères d’hébergement par un proche. Elle a dû attendre quatre mois pour une validation, et neuf mois pour une proposition de logement social : un studio situé à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). « C’est à une heure de trajet de mon travail. Je sais qu’une personne seule a très peu de chance de trouver un logement, si je ne le prends pas je serai radiée pendant un an. Je suis obligée d’accepter, même si je sais que je n’y serai pas heureuse », confie Kheira. En se rassurant : « J’aurai un toit, je chercherai plus tranquillement. »

« C’est assez violent »

Ce sentiment de résignation est partagé à Paris par Anne, 62 ans. Avec son mari, retraité, cette cadre de la fonction publique a voulu quitter un logement du 14e arrondissement, « laissé en déshérence par son propriétaire ». Un deux-pièces situé au 6e étage, « approchant les 40 C° » l’été. Le couple a souhaité un autre cadre de vie, plus vivable.

« Après plusieurs mois de recherches, à visiter des lieux souvent improbables, voire indigents, pour des prix élevés », ils ont « fini par accepter un deux-pièces de 48 mètres carrés sans lumière et extrêmement bruyant, dans lequel il [leur] semble vivre avec [leurs] voisins ». Situé au 3e étage sans ascenseur, l’appartement coûte chaque mois le tiers des revenus du couple. Il faut encore y ajouter le prix de l’eau et de l’électricité.

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Source: Le Monde