Pakistan : l’ex-premier ministre Imran Khan comparaît au tribunal au lendemain de son arrestation

May 10, 2023
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Les partisans de l’ancien premier ministre pakistanais Imran Khan bloquent une route pour protester contre son arrestation, à Peshawar, au Pakistan, le mercredi 10 mai 2023. MUHAMMAD SAJJAD / AP

L’ancien premier ministre pakistanais Imran Khan comparaît mercredi 10 mai devant un tribunal spécial au lendemain de son arrestation lors d’une convocation judiciaire, qui a déclenché de violentes manifestations de la part de ses partisans à travers le pays. Le juge devrait statuer sur une demande de détention de quatorze jours, ont déclaré des responsables.

Les tensions semblaient s’être apaisées mercredi matin après une nuit agitée. Mais un important dispositif de sécurité a été mis en place dans la capitale, en particulier à proximité du bâtiment de police où le tribunal spécial se réunira pour statuer sur le cas d’Imran Khan, premier ministre de 2018 à 2022.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des affrontements ont éclaté entre les partisans du Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), le parti de M. Khan, et la police dans plusieurs grandes villes. Près de mille manifestants ont été arrêtés dans la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, et cent trente membres de la police ont été blessés, selon cette dernière. Les autorités ont également ordonné mercredi la fermeture des écoles dans tout le pays et ont continué à restreindre l’accès aux médias sociaux tels que Twitter et Facebook.

Mercredi à la mi-journée, le gouvernement pakistanais a approuvé le déploiement de soldats dans la province du Pendjab, pour aider à contenir ces manifestations. Le document précise que la date et la durée du déploiement, sollicité par le gouvernement provincial du Pendjab, doivent encore être déterminées, de même que le nombre de soldats engagés.

L’ancien joueur vedette de cricket, reconverti en politique depuis 1996, a fait l’objet d’une arrestation mouvementée mardi dans un tribunal d’Islamabad où il devait répondre d’accusations de corruption. Imran Khan avait été destitué de ses fonctions de chef du gouvernement en avril 2022, après avoir perdu le soutien de l’armée et le vote d’une motion de censure à son encontre.

Après sa chute, M. Khan, 70 ans, visé par plusieurs dizaines d’affaires judiciaires et dont les relations avec l’institution militaire n’ont fait que se dégrader, a fait pression pour l’organisation d’élections anticipées avant la date limite d’octobre, dans l’espoir de revenir au pouvoir. En vain.

« Allégations fabriquées de toutes pièces »

L’ex-premier ministre, parvenu au pouvoir avec l’appui de l’armée en 2018 avant de se brouiller avec la hiérarchie militaire, a accusé ce week-end un officier supérieur d’avoir comploté pour l’assassiner, en novembre, lors d’un meeting au cours duquel il a été blessé par balle à une jambe.

« Ces allégations fabriquées de toutes pièces et malveillantes sont extrêmement malheureuses, déplorables et inacceptables », a répondu l’armée, lundi dans un communiqué, estimant que « cette propagande tapageuse » visait à « promouvoir des objectifs politiques ». Officiellement, l’agression est l’œuvre d’un tireur solitaire qui, selon une vidéo diffusée par la police, a avoué en être l’auteur et qui est incarcéré, mais cette théorie est rejetée par M. Khan.

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Les critiques à l’encontre de l’armée sont rares au Pakistan, où ses chefs exercent une influence politique considérable. Elle a organisé au moins trois coups d’Etat depuis l’indépendance en 1947, régnant pendant plus de trente ans.

« Mes [chers] Pakistanais, au moment où ces mots vous parviendront, j’aurai été arrêté dans le cadre d’une affaire illégitime », avait déclaré mardi, dans une vidéo préenregistrée, M. Khan, anticipant son arrestation. Sur des images diffusées mardi par des chaînes de télévision locales, on aperçoit M. Khan poussé par des dizaines de paramilitaires dans une voiture blindée stationnée dans l’enceinte du tribunal à Islamabad. « Aucun dirigeant ou avocat du PTI ne sait rien de l’état de santé de M. Khan. Nous n’avons pas le droit de le voir », a déploré mercredi un de ses avocats, Faisal Hussain Chaudry.

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Plusieurs monuments vandalisés

Quelques heures après la nouvelle de l’arrestation, de violentes manifestations ont éclaté mardi. Des protestataires ont fait irruption dans la résidence du commandant militaire de Lahore et ont bloqué les grilles d’entrée du quartier général de l’armée à Rawalpindi, près d’Islamabad.

À Peshawar, la foule a détruit le monument de Chaghi, une sculpture en forme de montagne qui honore le lieu du premier essai nucléaire pakistanais. Plusieurs monuments à la mémoire des militaires tués en service actif ont également été vandalisés.

Shah Mehmood Qureshi, le vice-président du PTI, a exhorté ses partisans à continuer à manifester « de manière légale et pacifique », ajoutant que les avocats du parti déposeraient de nombreux appels contre l’arrestation de M. Khan.

Les Etats-Unis veulent « s’assurer que tout ce qui se passe au Pakistan est conforme à l’Etat de droit, à la constitution », a déclaré mardi le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, lors d’une conférence de presse avec le ministre des affaires étrangères britannique, James Cleverly, à Washington. « Nous voulons une démocratie pacifique dans ce pays », a ajouté M. Cleverly.

Le ministre de l’intérieur pakistanais, Rana Sanaullah, a souligné de son côté que cette arrestation était « conforme à la loi » et avait été effectuée par l’Office national anticorruption (NAB), « un organisme indépendant qui n’est pas contrôlé par le gouvernement ».

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde