Le groupe Casino donne la priorité à son désendettement et évite les questions qui fâchent lors de son assemblée générale

May 10, 2023
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« Sur quelles bases [Daniel] Kretinsky s’appuie-t-il pour affirmer qu’une augmentation de capital de 1,1 milliard d’euros est nécessaire ? » « Quel sera l’impact sur le capital de l’entrée de la structure Teract ? » « Plus le plan de désendettement avance, plus la dette augmente et plus le cours de Bourse s’effondre. » « Jusqu’à quand le groupe Casino sera-t-il dirigé comme une ZAD ? »

Parmi les quelque 500 actionnaires, soit 60 % des votants, présents mercredi 10 mai à la Maison de la Chimie à Paris pour l’assemblée générale du groupe Casino qui exploite 9 100 magasins sous différentes enseignes (Casino, Monoprix, Franprix…), beaucoup étaient venus exprimer leur exaspération et surtout chercher des réponses sur les opérations capitalistiques en cours… Qu’ils n’ont pas eues. L’état-major du Groupe Casino n’est pas sorti de l’ordre du jour, les éludant d’un « ces questions doivent être posées à M. Kretinsky lui même », ou en les enjoignant de se référer aux différents communiqués « envoyés le 24 avril. Nous n’avons pas d’autres remarques sur le projet Teract ».

Cela n’a pas empêché les actionnaires d’approuver dans le plus grand calme l’ensemble des résolutions soumises au vote. Tout en étant très perplexes sur les capacités de redressement du groupe au sortir de l’assemblée. Comme Denis, cet actionnaire individuel qui « avait acheté ses actions à 60 euros, et qui valent aujourd’hui moins de 7 euros » – et ne comprend pas « pourquoi Casino ne lance pas une augmentation de capital » à laquelle il souscrirait. Ou encore Anne, qui n’y croit plus. « Plus personne ne va chez eux car ils ne sont pas compétitifs ». Et en ce qui concerne les projets en cours, elle a « l’impression qu’on nous mène dans la farine ».

Au travers de deux communiqués distincts, le Groupe Casino avait fait état le 24 avril des discussions exclusives en vue d’un rapprochement de ses enseignes de distribution françaises avec le groupe Teract (Jardiland, Gamm vert, Boulangerie Louise), dont l’actionnaire majoritaire est le géant de l’agroalimentaire InVivo, auxquelles s’est joint le groupe Intermarché. Il informait aussi d’une offre émanant de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde), soutenu par Fimalac, la holding de Marc Ladreit de Lacharrière, proposant de renflouer le groupe Casino par le biais d’une augmentation de capital de 1,1 milliard d’euros.

Situation intenable

Alors que le groupe croule sous 6,4 milliards d’euros de dettes (contre 5,8 milliards en 2021), le désendettement est la « priorité absolue » ont martelé ses dirigeants lors de l’assemblée générale. Selon le PDG Jean-Charles Naouri, il reste « à vendre environ 300 millions d’euros d’actifs en France » avant la fin de l’année. Cette stratégie de désinvestissements n’apparaît, toutefois, pas suffisante, pour assainir le bilan dans un contexte difficile notamment pour les supermarchés et hypermarchés Casino en France : l’argent des cessions sert à financer l’activité et non à rembourser les emprunts.

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Source: Le Monde