Etats-Unis : la confrontation entre la Maison Blanche et les élus républicains fait planer le spectre d’un défaut financier
Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, et le président américain Joe Biden, à Washington, le 9 mai 2023. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Cataclysme, catastrophe, effondrement, Armageddon : le vocabulaire est classique chez les commentateurs américains. Selon le Trésor, les Etats-Unis se trouvent à quelques semaines d’un possible défaut de paiement, dont les conséquences sur l’économie nationale et mondiale font frémir. Cette menace est récurrente. Pour l’éviter, le Congrès s’entend habituellement pour relever le plafond de la dette, qui s’élève dorénavant à plus de 31 000 milliards de dollars (28 000 milliards d’euros). Une telle mesure a été prise vingt fois depuis 2001. Mais cette chorégraphie est à présent menacée par l’approche maximaliste du Parti républicain, à la Chambre des représentants. Celui-ci a décidé de conditionner ce relèvement à des coupes budgétaires. Inacceptable, pour Joe Biden.
Mardi 9 mai, le président américain a reçu à la Maison Blanche le « speaker » de la Chambre, Kevin McCarthy, ainsi que les autres chefs de file parlementaires, démocrates et républicains. « Je n’ai pas vu de mouvement », a expliqué le speaker. Son collègue républicain au Sénat, Mitch McConnell, a pour sa part assuré : « Les Etats-Unis n’ont jamais fait défaut et ne le feront jamais. » Mais Kevin McCarthy s’est bien gardé d’un tel engagement solennel. Une nouvelle rencontre entre les mêmes acteurs et leurs conseillers est prévue le 12 mai.
Dans un discours prononcé en début de soirée suivi d’un rare exercice de questions-réponses avec la presse, Joe Biden a répété à son tour que « le défaut n’est pas une option ». Le président s’est dit prêt à conduire une discussion séparée en vue de réduire la dette du pays, tout en soulignant que son administration avait déjà obtenu en deux ans une baisse du déficit de 1 700 milliards de dollars. Le propre plan budgétaire – indicatif – de la Maison Blanche, avancé début mars, envisage une poursuite de cette réduction de 3 000 milliards en dix ans. Pour cela, le texte défend notamment une hausse de l’imposition sur les entreprises de 21 % à 28 % et la capacité de Medicare, l’Agence fédérale du département américain de la santé, à négocier le prix des médicaments avec l’industrie pharmaceutique.
Texte budgétaire « mort-né »
Pour l’heure, chacun campe sur ses positions. L’administration Biden refuse tout chantage parlementaire sur la capacité de l’Etat à payer ses dettes et emprunter, en considérant que les négociations sur le budget doivent se tenir séparément. « L’idée que nous ne payerions pas notre dette est simplement bizarre, a noté Joe Biden, au cours d’un entretien à la chaîne MSNBC, le 5 mai. On estime que si nous ne payions pas notre dette, on perdrait 750 000 emplois. Nous aurions une récession. Ce serait un désastre. » En 2011 et 2013, sous la présidence Obama, dont Joe Biden était le vice-président, un accord de dernière minute avait été conclu, pour éviter le défaut. Pendant le mandat de Donald Trump, le plafond de la dette fut relevé à trois reprises.
Il vous reste 57.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde