Démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins : la gauche s’insurge, Elisabeth Borne propose de recevoir Yannick Morez
Des manifestants favorables au projet de centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, devant la mairie de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), le 29 avril 2023. FRED TANNEAU / AFP
« Une honte absolue », « la République recule ». Au lendemain de la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, dont le domicile a été incendié en mars, la gauche s’est insurgée, jeudi 11 mai, tandis que la majorité s’est montrée mal à l’aise.
« Tout mon soutien à Yannick Morez, maire de Saint-Brévin, qui a été la cible de l’extrême droite. Après des menaces de mort, son domicile a été incendié. L’inaction de l’Etat est une honte absolue. Qu’attend-t-il pour agir ? », a tweeté Fabien Roussel, le patron du Parti communiste français (PCF), à propos de l’élu de cette commune de Loire-Atlantique qui s’est plaint du « manque de soutien de l’Etat » dans cette affaire.
« C’est une honte que l’Etat n’ait pas pris la mesure de ce qu’il lui arrivait et ne l’ai pas conforté. C’est une honte de continuer à banaliser l’extrême droite », a réagi, de son côté, sur le même réseau social Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), tandis que la responsable d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Marine Tondelier, jugeait : « La République recule. »
Toujours sur Twitter, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) a dénoncé un « désastre, un triomphe de la haine », tandis que la députée La France insoumise (LFI) Clémentine Autain regrettait que ces élus soient « abandonnés à leur sort » par le pouvoir.
En fin de matinée, Elisabeth Borne a jugé « très choquant » l’incendie du domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins et a fait savoir qu’elle va proposer au maire démissionnaire de le recevoir la semaine prochaine. La première ministre a aussi exprimé sa volonté de « mieux protéger les maires », de « renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour pouvoir soutenir les maires pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner ». Peu parès, Emmanuel Macron a dit sa « solidarité » avec Yannick Morez après des attaques « indignes ».
Manifestations à l’appel de l’extrême droite
Saint-Brévin-les-Pins est, depuis plusieurs mois, le centre de tensions consécutives à un projet de déplacer près d’une école élémentaire le centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) qui avait ouvert dans la station balnéaire en 2016 après le démantèlement de la « jungle » de Calais. Plusieurs manifestations contre ce projet y ont été organisées à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour.
Interrogée sur l’accusation d’abandon par l’Etat formulée par Yannick Morez (divers droite), la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, Aurore Bergé, a apporté son « soutien » au maire, l’assurant dans la matinale de France Inter de la « solidarité absolument indéfectible » de l’Etat.
« Si jamais il y avait eu des manquements, évidemment, je pense qu’on saura exactement et précisément ce qu’il s’est passé », a-t-elle réagi, rappelant qu’« il faut impérativement que nos préfets soient en soutien, je sais qu’ils le sont ». Mais, a-t-elle ajouté, « la meilleure des réponses à ce drame, c’est que ce projet [de centre d’accueil] puisse exister ».
Interrogé également sur l’absence de soutien dénoncé par cet élu, le député Renaissance Sacha Houlié a de son côté estimé sur RMC que « si il l’a ressenti, c’est que c’était probablement en partie vrai ».
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde