Batteries : partout en Europe, les gigafactories fleurissent

May 11, 2023
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Le site choisi par l’industriel français Verkor pour la construction de sa première gigafactory, près du port de Dunkerque (Nord), le 27 septembre 2022. FRANCOIS LO PRESTI/AFP

Le chiffre fait cauchemarder Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’industrie : 77 % des batteries pour voitures électriques viennent de Chine. « En octobre [2022], au Mondial de l’automobile, les constructeurs automobiles français − Renault et Stellantis − se sont engagés à produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici à 2030, mais il ne faudrait pas que ce soit en assemblant des éléments qui viennent d’ailleurs. »

Il reprend une obsession du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui, depuis 2018, alerte sur le sujet et s’est allié avec son homologue allemand ainsi qu’avec le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, pour que les gouvernements européens puissent soutenir financièrement les projets d’usines de batteries, sans tomber sous le coup des règles qui interdisent les aides d’Etat.

Depuis, les projets de gigafactory − ces sites consacrés à la production de batteries représentant plusieurs gigawattheures (GWh) de capacité − fleurissent dans toute l’Europe. « Si on se projette à l’horizon 2030, la Chine tombera à 60 % à 65 % de la capacité de production mondiale, l’Europe montera à 20 % et l’Amérique du Nord à 15 %-20 % », calcule Alexandre Marian, associé du cabinet de conseil en stratégie Alix Partners.

Un risque de surcapacité à l’horizon 2030

En 2022, l’Europe était le continent qui rattrapait le plus vite son retard, tirée par sa décision d’interdire la vente de moteurs thermique après 2035. Depuis, les Etats-Unis ont voté l’Inflation Reduction Act (IRA), en août 2022, suivi par le Canada, et l’Amérique du Nord veut aller encore plus vite. Le choix de l’implantation à Dunkerque (Nord) du groupe taïwanais ProLogium, qui développe une technologie de batteries solides avec Mercedes, est donc accueilli avec la plus grande satisfaction. « Il y a eu un double arbitrage, en faveur de l’Europe face aux Etats-Unis et pour la France face à d’autres pays européens », se félicite-t-on à Bercy.

L’arrivée de ProLogium placera-t-elle la France dans le peloton de tête des producteurs de batteries en Europe ? « Pas encore », note Jamel Taganza, associé du cabinet Inovev. En faisant la somme des annonces, il estime que d’ici à 2030, l’Allemagne, l’Espagne, la Hongrie et la Suède conserveront une longueur d’avance. A cette date, il y a même, selon ce cabinet, un risque de surcapacité en Europe : « Selon nos prévisions de vente des véhicules électriques en 2030, l’industrie aura besoin de 350 GWh de capacités, alors que le total annoncé pourrait déjà atteindre 665 GWh. »

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Source: Le Monde