UBS: Le bénéfice divisé par deux au T1, plombé par des provisions
Photo d'archives du logo de la banque suisse UBS
par Noele Illien
ZURICH (Reuters) - UBS a renforcé ses provisions pour tirer un trait sur son implication dans la vente de titres adossés à des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, ce qui a sévèrement impacté le bénéfice de la banque au premier trimestre alors qu'elle se prépare à intégrer son concurrent en difficulté Credit Suisse.
Le directeur général Sergio Ermotti, revenu récemment à la tête de l'établissement pour piloter le rachat de Credit Suisse, a déclaré que les conditions économiques "difficiles" avaient sapé l'humeur des clients, mettant en garde contre les difficultés à venir alors que la banque s'engage dans un processus d'intégration qui pourrait durer quatre ans.
"Nous avons besoin de temps", a-t-il déclaré dans une vidéo en ligne. "Les choses vont être difficiles".
En Bourse de Zurich, l'action UBS recule de 2,5% à 09h00 GMT après avoir perdu plus de 5% plus tôt en séance.
La tentative de la plus grande banque suisse de mettre fin à des problèmes remontant à la crise financière de 2008-2009 souligne sa vulnérabilité alors qu'elle fait face à la tâche herculéenne d'absorber Credit Suisse - dont la longue liste de défis comprend la gestion des critiques dans le pays à l'égard des conditions de l'opération.
UBS a déclaré que les inquiétudes concernant le secteur bancaire mondial persistaient et que l'activité des clients "pourrait rester modérée au deuxième trimestre", ajoutant toutefois que des taux d'intérêt plus élevés soutiendraient les revenus des prêts.
Le groupe a fait état mardi d'une baisse de 52% de son bénéfice au premier trimestre après avoir provisionné 665 millions de dollars supplémentaires pour couvrir les coûts liés à un litige sur les titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles (RMBS) aux Etats-Unis durant la crise financière de 2008.
Au premier trimestre, le bénéfice net, part du groupe, est tombé à 1 milliard de dollars contre 1,71 milliard attendus en moyenne par 15 analystes selon un consensus fourni par l'établissement lui-même.
Le plus grand gestionnaire de fortune au monde a toutefois fait état d'un afflux de fonds de 42 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l'année. Sa division de gestion de fortune a reçu un afflux net d'argent frais de 28 milliards de dollars, dont 7 milliards au cours des dix derniers jours de mars après l'annonce du rachat de Credit Suisse.
ANCIENNE DETTE TOXIQUE
Le groupe a décrit dans son rapport annuel de 2022 comment il avait été émetteur et souscripteur de titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles aux Etats-Unis au cours des cinq années précédant 2007.
Les autorités américaines ont lancé en novembre 2018 une action en justice contre la banque suisse, demandant des sanctions pour sa participation à de nombreuses transactions de ce type. UBS a ensuite perdu un procès à ce sujet.
"Nos démarches auprès du Département américain de la Justice sont dans une phase avancée et je suis ravi que nous progressions vers la résolution de ce problème hérité du passé qui date de plus de 15 ans ", a déclaré dans un communiqué le directeur général.
Les revenus de la banque d'investissement ont chuté de 19% sur un an, conformément aux attentes, tandis que le bénéfice avant impôts de la division a reculé de 49%.
UBS a accepté le mois dernier de racheter pour 3 milliards de francs suisses sa concurrente, mise en grande difficulté après la sortie massive de clients dans le contexte des turbulences qui ont secoué le secteur bancaire mondial le mois dernier, et d'assumer jusqu'à 5 milliards de francs de pertes.
UBS s'attend à finaliser le rachat au deuxième trimestre.
Lundi, Credit Suisse a fait état de sorties de capitaux de 61 milliards de francs suisses au cours du premier trimestre, soulignant le défi auquel est confronté UBS.
(Reportage Noele Illien, rédigé par Edwina Gibbs ; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
Source: Boursorama