Démission de Yannick Morez à Saint-Brévin : Borne choquée comme une partie de la classe politique

May 11, 2023
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POLITIQUE - Il s’en va. L’annonce de la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins, une commune de Loire-Atlantique où un projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile suscite une vive opposition, provoque l’émoi dans la classe politique. De la scène locale au Parlement européen.

« J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile (en mars) et au manque de soutien de l’État », a expliqué Yannick Morez (maire divers droite) mercredi 10 mai sur la page Facebook de la commune, confirmant une information du site internet de Ouest-France. L’édile qui va également quitter la ville, parle d’une « longue réflexion menée avec (sa) famille. »

Le 22 mars dernier, son domicile personnel a été visé par un incendie qui a détruit deux véhicules et endommagé une partie du bâtiment, sans faire de blessé. L’apogée de plusieurs mois de vives tensions dans la petite commune, consécutives au projet de déplacer le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), ouvert dans la station balnéaire en 2016, près d’une école élémentaire.

Borne : « Ce qui s’est produit est très choquant »

Plusieurs manifestations contre ce projet y ont été organisées à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête, la formation d’Eric Zemmour. Bernard Germain, un candidat du parti aux législatives de 2022 dans les Côtes-d’Armor, figurait parmi les intervenants de la dernière manifestation en date, fin avril.

Dans ce contexte, l’annonce de la démission de l’édile - qui a témoigné à de nombreuses reprises des menaces de mort reçues au fil des semaines - est une onde de choc pour la classe politique comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. Depuis La Réunion où elle est en déplacement, Élisabeth Borne a tenu à apporter son soutien à Yannick Morez et aux maires « face aux violences dont ils peuvent être victimes », en promettant de « mieux protéger » les élus.

« Ce qui s'est produit est très choquant », a-t-elle notamment estimé, en évoquant une « montée de l’extrémisme dans notre pays », des « deux côtés ». Dans la foulée, le président de la République s’est fendu d’un tweet pour fustiger les « attaques indignes » contre un « élu de la République. »

Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes. À cet élu d… https://t.co/cYai2gymAd — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) Voir le tweet

Avant le couple exécutif, de nombreux responsables, de gauche notamment, ont dit leur émoi quant à la décision du maire de Saint-Brévin. « L’Assemblée nationale se lève en hommage à Yannick Morez, qui vient de démissionner après l’incendie de son domicile et des menaces de l’extrême droite », a notamment salué Manuel Bompard, mercredi soir sur Twitter à l’heure où les députés se penchaient sur la création d’une commission d’enquête sur les groupuscules violents.

L’Assemblée nationale se lève en hommage à Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, qui vient de démissionner… https://t.co/pKRoy870Ok — Manuel Bompard (@mbompard) Voir le tweet

Ovation au Parlement européen

« Mais les députés du Front national restent assis. La honte », a-t-il également relevé, comme plusieurs de ses collègues à gauche, critiquant le mutisme des élus sur les bancs de l’extrême droite.

La classe politique locale réagit également. David Samzun, le maire PS de Saint-Nazaire, une ville proche de Saint-Brévin, a fait part de sa tristesse et déploré que « pour avoir servi la République et soutenu les peuples en détresse » son homologue « a été contraint de démissionner pour protéger sa famille. »

Signe de l’émoi que l’épisode provoque, le nom de Yannick Morez s’est également invité ce jeudi au Parlement européen. L’eurodéputé Raphaël Glucksmann lui a rendu hommage au micro, provoquant l’ovation d’une partie des élus présents sur les bancs. « Il est temps de se lever en l’honneur de Yannick Morez, de se lever pour le droit et pour montrer que la haine ne gagnera pas en Europe », a-t-il notamment lancé.

Hier fut un jour sombre pour la République française et tous les humanistes européens. Hier la haine a triomphé. Au… https://t.co/vEUE8BYhE0 — Raphael Glucksmann (@rglucks1) Voir le tweet

Dans ce contexte, plusieurs élus accusent le gouvernement d’hypocrisie alors que Yannick Morez déplore depuis longtemps le manque de soutien de l’État. Ce qu’il répète à travers sa démission.

« Le maire de Saint-Brévin a été lâché par le gouvernement (...) alors qu’il avait reçu des menaces de mort et été victime d’actes graves par des membres de l’extrême droite », cingle par exemple l’eurodéputé écolo Damien Carême, en réponse à un tweet d’Aurore Bergé qui évoquait la « question plus large de la protection des élus. » Et d’ajouter, à destination de la présidente des députés Renaissance : « votre silence complice est irresponsable et criminel. »

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Source: Le HuffPost