Industrie : Macron appelle à une " pause " dans la réglementation environnementale européenne
Le président Macron lors de la conférence « Accélérer notre réindustrialisation », à Paris, le 11 mai 2023. YOAN VALAT / AFP
Toute la difficulté de l’exercice a été résumée en une phrase. Peut-on tout à la fois réindustrialiser le pays, défendre ses emplois, et avoir une réglementation exemplaire en matière climatique ? Le tout, alors que l’inflation incite les consommateurs à acheter toujours moins cher ? A l’occasion de la présentation de son plan pour « verdir » l’industrie, jeudi 11 mai, Emmanuel Macron a appelé à une « pause » dans la réglementation européenne, afin de préserver les acteurs locaux soumis à la concurrence des pays moins-disants du point de vue environnemental, comme la Chine, grand producteur de panneaux solaires, de pales et turbines d’éoliennes, et de voitures électriques.
« On ne veut pas seulement être un marché vert mais produire vert sur notre sol, a expliqué le chef de l’Etat devant un parterre de 300 invités – ministres, élus, chefs d’entreprise, représentants du patronat, des syndicats et d’associations – conviés dans la salle des fêtes de l’Elysée, parmi lesquels le commissaire européen Thierry Breton. Nous, on a déjà passé beaucoup de réglementations au niveau européen, plus que les voisins (…) Maintenant il faut qu’on exécute, pas qu’on fasse de nouveaux changements de règles, parce que sinon on va perdre tous les acteurs. »
Les propos d’Emmanuel Macron ont immédiatement semé le trouble à Bruxelles, jusque dans son propre camp, qui n’avait pas anticipé une telle sortie. Sur la scène européenne, ce sont en effet les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) qui demandent un moratoire sur plusieurs textes environnementaux du Green Deal européen.
« Une phrase malheureuse »
« Il enfourche le canasson du PPE. C’est n’importe quoi », déplore Philippe Lamberts, président du groupe Les Verts au Parlement européen. « C’est vrai que le réchauffement climatique est réglé, c’est vraiment le moment de faire une pause… », ironise pour sa part sa collègue « insoumise », Manon Aubry, présidente du groupe de la gauche radicale (GUE) au Parlement européen. « Nous défendons depuis plusieurs mois l’idée d’un moratoire législatif. On va presque demander un droit de copyright à Emmanuel Macron », réagit de son côté François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains (LR), qui pointe la « contradiction absolue » entre les propos présidentiels et le travail des élus macronistes à Bruxelles. Lesquels peinent à cacher leur embarras.
Le locataire de l’Elysée a eu « une phrase malheureuse qui ne traduit pas ce que la France fait. Il a depuis précisé qu’il ne s’agit pas de revenir sur les législations en cours de négociation », commente le macroniste Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen. « Le président n’a jamais parlé de moratoire ou d’abrogation des normes actuelles ou en cours de négociation », s’est de son côté empressé de faire savoir l’Elysée.
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Source: Le Monde