Le Cac 40 a d’abord gagné 1%, avant de virer au rouge, pour finir en légère hausse

May 11, 2023
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Par Marjorie Encelot

Publié le 11 mai 2023 à 17:53 Mis à jour le 11 mai 2023 à 18:18

Le seul des grands indices boursiers américains qui ne baisse pas aujourd’hui, c’est le Nasdaq 100 (+0,1%), celui qui, parmi ses composantes, est fortement pondéré en Alphabet, ne compte aucune banque, ni Walt Disney (-9%), plus forte baisse du Dow Jones (-1%) et du S&P 500 (-0,6%) alors que le géant du divertissement a annoncé une baisse inattendue du nombre des abonnés à Disney+ lors de la publication de ses comptes du premier trimestre.

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Avec l’ouverture en baisse des marchés américains, la Bourse de Paris a basculé dans le rouge (-0,35% au plus bas), avant de se reprendre, soutenu - comme souvent - par le secteur du luxe (les autres grands marchés européens sont en baisse). Le Cac 40 clôture sur un léger rebond de 0,28%, à 7.381,78 points, après avoir poussivement gagné jusqu’à 1% ce matin, dans de très faibles volumes d’échanges, tandis que deux camps s’affrontent en Bourse sur la lecture à avoir des derniers chiffres de l’inflation aux Etats-Unis : celui qui se focalise sur la décélération de l’indice globa des prix à la consommation en avril - sous les 5% en glissement annuel pour la première fois depuis deux ans - et celui qui constate que l’inflation dite « de base », « sous-jacente » ou « core », corrigée des éléments volatils que sont l’énergie et l’alimentation ne baisse pas.

« Il y en a eu pour tous les goûts dans les chiffres américains de l’inflation d'hier. » Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, résume ainsi les arguments de deux camps : « L'inflation de base reste obstinément persistante à +0,41% [sur un mois], ce qui est encore trop pour que la Fed se sente à l'aise. En taux annualisé, cela se traduit par un rythme de +5% [soit plus du double de l’objectif de la banque centrale américaine], et il ne s'agit pas d'un simple incident, puisque l'inflation sous-jacente annualisée des trois derniers mois s'élève à +5,1% [elle n'a montré aucun signe de baisse sur une base de trois, six ou douze mois]. » Il fait toutefois remarquer qu’une baisse n’est peut-être pas si loin au vu de la modération des prix « core » dans les services en excluant les loyers, l’éducation « libre » et les soins médicaux.

Le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, l’un des plus « faucons » du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, a jugé aujourd’hui que l’inflation était « encore trop élevée ». Si elle ralentit, « elle reste sacrément persistante. » L'indice des prix à la production pour le mois d'avril, publié en début d’après-midi, a progressé de 0,2% sur un mois, soit un peu moins que ce que prévoyait le consensus Bloomberg des économistes (+0,3% après -0,4% en mars). Hors alimentation et énergie, il a augmenté de 0,2%, comme prévu.

« Pour l'instant, cela fait 20 mois consécutifs que l'inflation de base [côté consommation] est supérieure à +0,2% en glissement mensuel. Il y en aurait 26 s’il n’y avait pas eu le +0,19% d’août 2021. » Avant cela, « il faut remonter à août 1992 pour trouver une série de plus de cinq mois de hausses consécutives de plus de 0,2% en rythme mensuel. À ce moment-là, nous venions de mettre fin à une série de 62 mois qui avait débuté en juillet 1987. La période la plus longue a été de 89 mois entre janvier 1973 et juin 1980. »

Effet IA+

L’inflation dans la première économie mondiale ralentit, mais à « un rythme lent, très lent », estime l’économiste Christian Parisot, pour la société de Bourse Aurel BGC. « Mais, en l'absence de ‘mauvaise surprise’ [après tout, l’inflation sous-jacente, à +0,4%, est ressortie conforme aux attentes], le scénario d'une pause [dans le relèvement des taux, après dix hausses d’affilée] de la banque centrale américaine sur le mois de juin a été renforcée sur le marché des Fed Funds future. » Ce qui a valu à Wall Street de clôturer la séance d’hier en hausse. Ou peut-être était-ce en raison d’un effet IA ? Alphabet, la maison mère de Google, a lancé, hier, dans 180 pays, son chatbot d'intelligence artificielle générative, « Bard » (disponible actuellement seulement en anglais et pas en France), qui doit concurrencer ChatGPT d’openAI dans lequel a investi Microsoft. Le géant de l'Internet a également lancé une nouvelle version de son moteur de recherche Bing à la sauce IA, aux Etats-Unis et seulement sur liste d'attente pour l'instant. Alphabet, en hausse de plus de 4% hier (et avec elle toute la famille de l’IA, dont Microsoft, Amazon ou Palantir), gagne encore autant aujourd’hui.

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Les banques régionales, également en hausse hier en réaction à la publication par First Citizens (celle qui a repris SVB) de résultats rassurants au titre du premier trimestre, au cours duquel les dépôts ont augmenté, font en revanche volte-face aujourd’hui. PacWest plonge de plus de 20%, Zions lâche 4%, KeyCorp perd 2%. PacWest - la prochaine banque régionale que la Bourse voit faire faillite après Silvergate, SVB, Signature et First Republic - a annoncé que ses dépôts bancaires avaient encore diminué de 10% la semaine dernière.

A Paris, sur le Cac 40, BNP Paribas (-0,98%), Crédit Agricole (-1,32% après une forte hausse hier) et Société Générale (-0,48%) ont lâché du terrain, sachant que les banques en général sont de grosses détentrices d’obligations souveraines, à un moment où les investisseurs commencent à envisager qu’un défaut des Etats-Unis n’est plus impossible. Si le plafond de la dette du pays n’est pas relevé dans les prochaines semaines, il ne pourra plus payer, au moins à court terme, ses factures ni honorer le remboursement de sa dette. Le rendement des bons du Trésor à un mois est à son plus haut niveau depuis au moins vingt ans, à plus de 5,4%.

Source: Investir