Vingt-quatre ans de réclusion pour l’homme coupable d’avoir violé et laissé pour morte une femme dans un parking de Nice
Le 22 juin 2019, après une Fête de la musique très arrosée, Yohan Orsini, garçon boucher dans une cité marchande niçoise, avait agressé sauvagement celle qu’il venait de séduire. Le couple regagnait la voiture de la victime, au premier étage du parking des Arts. Alors qu’elle se refusait à lui, l’accusé, inconnu de la justice, s’était déchaîné la laissant dans un bain de sang.
"Je ne pourrai jamais lui pardonner", prévient Corine (*), bouleversante, qui a dévoilé la veille à la Cour et aux jurés sa nouvelle vie depuis l’agression sauvage qu’elle a subie. Des opérations du visage, une vessie éclatée, un traumatisme crânien sévère, deux ans de convalescence, quatre ans sans sommeil… l’ont contrainte à abandonner son métier d’ingénieure commerciale. Elle s’est lancée un nouveau défi: "Être heureuse". Sa devise porteuse d’espoir est tatouée sur son bras: "Même les miracles prennent un peu de temps."
"Une rescapée"
"Corine est une rescapée", insiste Me Sandrine Reboul, tout en la couvant du regard. "Ce 22 juin était le jour le plus long de Corine et pas seulement parce que c’était le solstice d’été". L’avocate de la partie civile porte la parole d’une femme "dont la vie ne sera plus jamais comme avant", tant ses blessures psychologiques et physiques ont été profondes. Elle a eu pitié de sa solitude en l’invitant le soir du drame. Lui n’en a eu aucune pour elle.
Quand les policiers interviennent au premier étage du parking, l’agresseur est couvert de sang, pantalon baissé. Corine est dans le coma. Son dernier souvenir est une chanson du groupe qu’elle affectionnait tant. "Aujourd’hui, je ne peux plus supporter cette musique", murmure-t-elle.
"La volonté de tuer de M. Orsini n’aboutit pas uniquement grâce à l’intervention de la police", souligne Thibault Rossignol, l’avocat général qui requiert vingt ans de réclusion. L’accusation peut s’appuyer sur le rapport accablant du légiste qui a énuméré les impressionnantes blessures de la victime. "Sa mère ne reconnaît même pas sa fille l’hôpital", rappelle le magistrat.
Une gifle portée par Corine a déclenché la fureur de l’accusé. "Elle fait écho sans doute à la propre histoire de l’accusé, à cette enfance dans la précarité", admet Thibault Rossignol.
Silences pesants
La marge de manœuvre de la défense est étroite, coincée entre les silences pesants d’un "taiseux" et une accumulation d’éléments à charge. Me Hubert Zouatcham demande à la cour de s’interroger sur une éventuelle abolition ou altération du discernement de Yohan Orsoni au moment des faits. Une question déjà tranchée par les experts. Aucune maladie mentale chez cet homme ordinaire transformé, en une soirée, en criminel impitoyable. La défense réfute l’intention homicide: "Il cherche un téléphone pour appeler les secours. Ce n’est pas l’attitude d’un meurtrier", insiste Me Zouatcham.
Me Samah Temzak s’attarde sur ce garçon "travailleur", "sans casier judiciaire" qui n’a pu s’exprimer, tant il est en proie à "sa maladresse, à son stress, à sa timidité". Orphelin de père alors qu’il était bambin, élevé par une mère démunie, Yohan Orsini n’est pas né avec une cuiller d’argent dans la bouche. Insuffisant néanmoins pour comprendre son déchaînement de violences qui aurait pu coûter la vie à Corine. "J’aurais voulu apporter des réponses pour toi pour moi", déclare l’accusé en fixant la victime.
"Pendant quatre ans je me suis refusée de pleurer pour ne pas m’effondrer. Je soutiens son regard pour lui signifier que n’ai pas peur de lui", confie-t-elle à l’issue du verdict qui condamne le garçon-boucher à vingt-quatre ans de réclusion et une interdiction de séjour dans les Alpes-Maritimes. "J’espère que ces quatre années de prison en plus des réquisitions ne le pousseront pas à faire appel", observe Corine, soulagée d’avoir obtenu justice.
Source: Nice matin