L’Espagne débloque 2 milliards d’euros pour faire face en urgence aux effets de la sécheresse

May 11, 2023
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Sur les berges asséchées du réservoir de Sau, situé dans la province de Gérone (Catalogne), le 16 avril 2023. JOSEP LAGO / AFP

Ces dernières semaines, les Espagnols se sont raccrochés au vieux dicton selon lequel « cuando marzo mayea, mayo marcea ». Comprenez : lorsqu’il fait le temps de mai en mars, il fait ensuite le temps de mars en mai. Hélas, si en mars le thermomètre a dépassé les 30 degrés, le mois de mai s’est installé sans pronostic de pluie, mis à part quelques minces précipitations dans l’extrême nord du pays. Et ce, après le mois d’avril le plus aride et chaud depuis qu’il existe des registres, c’est-à-dire depuis plus d’un siècle.

Jeudi 11 mai, le gouvernement (de gauche) espagnol a finalement décidé de prendre des mesures drastiques, lors d’un conseil des ministres exceptionnel, pour faire face aux conséquences de la sécheresse, qui frappe en particulier les agriculteurs, mais aussi pour protéger les travailleurs en extérieur des prochaines vagues de chaleur. Au total, entre les aides directes aux agriculteurs et éleveurs et les investissements d’urgence pour pallier le manque d’eau, il a mis sur la table plus de 2,2 milliards d’euros.

L’opposition de droite n’a pas manqué d’y voir des mesures « électoralistes », à vingt-quatre heures du début de la campagne pour les municipales et régionales, vendredi 12 mai. Le gouvernement n’en répond pas moins à une demande insistante des agriculteurs, soumis à une situation extrême provoquée par une sécheresse prolongée, qui n’a cessé de s’aggraver depuis trois ans.

Selon le dernier rapport de la Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs espagnols, organisation qui rassemble les petits et moyens exploitants, publié le 11 mai, « la sécheresse asphyxie déjà 80 % des terres agricoles espagnoles » et « plus de cinq millions d’hectares de céréales non irriguées » ont subi « des pertes irréversibles ».

Le précédent de l’huile d’olive

Le ministre de l’agriculture, Luis Planas, avait déjà annoncé d’importantes bonifications fiscales pour les agriculteurs en mars dernier. Cette fois, ce sont 636 millions d’euros d’aide directe qu’il a débloqués, dont 360 millions pour les éleveurs, « sûrement le secteur le plus affecté, par le manque de paille et de fourrage », a-t-il souligné. Les apiculteurs, qui ont souffert d’une baisse de la pollinisation et donc de la production de miel, recevront 5 millions d’euros.

Enfin, selon les régions et les types de cultures qu’ils sèment, les agriculteurs devraient percevoir 276 millions d’euros. L’objectif étant de « garantir la continuité productive des agriculteurs » et d’éviter des pénuries qui alimenteraient de nouvelles « hausses de prix pour la population », a souligné le ministre, alors que de nombreux céréaliers, notamment les producteurs de maïs, ont renoncé à planter les semis de printemps.

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Source: Le Monde