Le député LFI Carlos Martens Bilongo visé par une enquête pour blanchiment de fraude fiscale
Carlos Martens Bilongo près de l’Assemblée nationale, à Paris, le 4 novembre 2022. THIBAULT CAMUS / AP
Une enquête a été ouverte à l’encontre du député La France insoumise Carlos Martens Bilongo pour des soupçons de blanchiment de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux, a annoncé jeudi 11 mai le parquet de Pontoise, confirmant une information de BFM-TV.
Selon la chaîne de télévision, l’« insoumis » de 32 ans est soupçonné d’avoir dissimulé un peu moins de 200 000 euros aux autorités sur la période 2018-2022 et fait l’objet d’une procédure ouverte à la mi-avril à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier de Bercy. L’enquête est aussi ouverte du chef de manquement de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
D’après BFM-TV, les enquêteurs passent au crible plusieurs opérations suspectes. Le député aurait reçu des virements sur ses comptes bancaires et encaissé plusieurs dizaines de milliers d’euros en espèces alors qu’il a déclaré à la HATVP ne toucher aucune rémunération des sociétés qu’il possède. Tracfin a également signalé à la justice un compte non déclaré à l’étranger dont le député serait titulaire, selon la chaîne.
« Je serai parfaitement transparent »
Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par son avocat, Arié Alimi, Carlos Martens Bilongo a déclaré avoir découvert cette enquête par la presse et soutenu ne posséder aucun compte à l’étranger. « A ma connaissance, l’intégralité des sommes versées sur mes comptes sociétés a été déclarée en bonne et due forme », a-t-il aussi dit, tout en précisant avoir demandé à son expert-comptable de vérifier qu’aucune « erreur déclarative n’aurait pu être commise ». « Je serai parfaitement transparent sur l’intégralité de ces éléments tant avec les institutions qu’avec l’opinion publique », a-t-il ajouté.
Enseignant impliqué dans le monde associatif, Carlos Martens Bilongo a été élu en juin 2022 sous l’étiquette de la Nupes, mettant fin aux quatorze années de mandat du baron local François Pupponi, figure socialiste du Val-d’Oise qui avait rejoint le parti présidentiel.
Le député s’est retrouvé en « une » de l’actualité en novembre dernier lorsque le député de Gironde Grégoire de Fournas (Rassemblement national) coupe une de ses interventions en lançant « Qu’il retourne en Afrique ! », provoquant un incident d’une rare ampleur au Palais-Bourbon. Les condamnations du reste de la classe politique sont alors unanimes, jusqu’au chef de l’Etat, « heurté » par des « mots intolérables ». M. De Fournas écope d’une sanction rarissime : une exclusion de l’Assemblée pour quinze jours de séance et la privation de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.
M. Bilongo s’est fait aussi connaître pour ses prises de position aux côtés d’associations de défense de l’environnement qui dénoncent le projet de gare du futur métro du Grand Paris sur le Triangle de Gonesse. L’annonce de l’ouverture de l’enquête survient le jour de la publication de son premier livre, Noir Français, aux éditions Philippe Rey, témoignage sur « son histoire faite de luttes, de stratégies de survie, d’intelligence du terrain ».
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde