Violences sexuelles : à quoi va servir la nouvelle carte d’identification des prêtres ?
L’évêque Alexandre Joly montre sa carte d’identité lors d’une conférence de presse dans le cadre de la Conférence des évêques de France, à Paris, le 10 mai 2023. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
Alors que les journalistes ont leur carte de presse, les prêtres catholiques ont leur celebret. Il s’agit d’une sorte de carte d’identité professionnelle, délivrée par l’autorité ecclésiastique qui atteste ainsi que son détenteur est bien un ministre du culte, pouvant célébrer la messe et disposant de la faculté de confesser. Dans le cadre de leur lutte contre les violences sexuelles, les évêques français ont décidé de donner un second souffle à ce document tombé en désuétude en France, où plus grand monde ne demandait à le consulter. Voici quatre questions pour comprendre ce qui va changer concrètement.
Depuis quand le celebret existe-t-il ?
L’origine du document remonte au concile de Trente (1545-1563), qui établit une règle selon laquelle « aucun clerc étranger ne pourra, sans lettre commendataire de son propre ordinaire, être admis par un évêque pour célébrer les mystères divins ». Mais il va vraiment s’institutionnaliser en tant que « carte d’identité » du prêtre en 1917. A l’époque, il s’agissait, déjà, d’un dispositif destiné à lutter contre les violences sexuelles, notamment celles commises durant le sacrement de la confession. Le pape Benoît XV impose alors aux prêtres le port du celebret, qui devra leur être retiré en cas de crime sexuel.
Il appartient depuis aux évêques (et aux supérieurs de congrégations pour les moines) de délivrer ou de retirer le document, qui peut ensuite être demandé par les autorités ecclésiales ou par les responsables de lieux dans lesquels des prêtres extérieurs à la paroisse viennent officier, dans un sanctuaire, une cathédrale, ou lors de grands événements comme les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), par exemple.
Qu’est-ce qui change aujourd’hui ?
Le celebret va être modernisé à l’échelle de la France. Jusqu’ici, il s’agissait d’un « document papier, falsifiable (…) et compliqué à mettre à jour », a développé Alexandre Joly, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), lors d’une conférence de presse mercredi 10 mai. Un auteur de violences sexuelles renvoyé de l’état clérical ou faisant l’objet de restriction pouvait ainsi se fabriquer un document et aller officier dans une paroisse où l’on ne le connaissait pas.
La nouvelle carte contiendra pour sa part un QR code qui donnera plusieurs informations : un bandeau vert si le prêtre ne possède pas de restrictions à célébrer ou à confesser ; de l’orange s’il existe des restrictions, comme l’interdiction d’être seul avec des enfants, par exemple. Enfin, un bandeau rouge s’affichera si le détenteur de la carte ne peut ni prêcher ni célébrer, par exemple un prêtre déchu de l’état clérical.
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Source: Le Monde