A La Réunion, Elisabeth Borne fait plusieurs annonces et évite les casseroles
La première ministre, Elisabeth Borne, en visite dans la commune de Salazie (La Réunion), au côté du maire Stéphane Fouassin (divers droite), le 11 mai 2023. RICHARD BOUHET / AFP
Cernée par des remparts vertigineux à la végétation luxuriante, Elisabeth Borne s’émerveille devant ce « paysage extraordinaire ». Au cœur de l’île, dans le cirque de Salazie, la première ministre a entamé, jeudi 11 mai, une visite marathon de trois jours à La Réunion, où elle effectue son premier déplacement en outre-mer depuis sa nomination à Matignon, il y a près d’un an. « Un territoire magnifique », redira-t-elle plus tard dans la soirée lors d’une réception avec les acteurs locaux du monde économique. A onze heures d’avion des tensions parisiennes, la cheffe du gouvernement semble savourer ce qui ressemble à un bol d’air. Comme un répit précaire aux tourments du sommet de l’exécutif.
A son arrivée, tôt à l’aéroport Roland-Garros, seule une petite cinquantaine d’opposants l’attendaient avec des casseroles, gardés à bonne distance sur la route par quatre fois plus de gendarmes. Le cortège officiel a réussi facilement à les éviter par l’aérogare réservée au fret. « Un passage par la petite porte », fustige un manifestant. Pour le reste de la visite, les petits groupes d’opposants à la réforme des retraites sont tenus éloignés par un imposant dispositif des forces de l’ordre.
Pour éviter toute manifestation à Saint-Denis, les rues environnant le monument aux morts ont été bouclées sur un large périmètre pour le traditionnel et républicain dépôt de gerbe. Seules les personnalités invitées, les agents des administrations ou les employés des commerces travaillant dans ce secteur ont pu assister à la cérémonie, presque à huis clos. « Mme Borne ne va pas rencontrer les Dionysiens, observe le député socialiste du territoire Philippe Naillet. Cela me déçoit. Mais il est vrai que c’est très compliqué. »
« On attend des aides, pas des mesurettes »
Le temps des traditionnels bains de foule pour les chefs d’Etat et de gouvernement, et de la ferveur exprimée en agitant de petits drapeaux tricolores, est révolu. Autre style, autre époque, le premier ministre Jean Castex, venu il y a un an en envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour « mobiliser » entre les deux tours de la présidentielle, avait pu, malgré la défiance à l’égard de l’exécutif exprimée dans les urnes, avec les hauts scores locaux de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, s’offrir une déambulation sans heurts dans les rues de Saint-Denis et esquisser des pas de danse de maloya avec des habitants de Saint-Pierre au son d’un roulèr et d’un kayamb.
Pourtant, Elisabeth Borne l’assure : elle est venue pour « des moments d’échanges avec les Réunionnaises et les Réunionnais ». La cheffe du gouvernement répète son mantra pour cette période de « convalescence », comme elle l’avait confiée au Monde, début avril, et évoque à nouveau la feuille de route de ses « cent jours » : « proposer des solutions concrètes, rapides aux problèmes du quotidien ».
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Source: Le Monde