Biélorussie : l'état de santé du président Loukachenko au centre de toutes les rumeurs

May 12, 2023
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Le dirigeant biélorusse est apparu affaibli lors des célébrations du 9 mai à Moscou. Plusieurs éléments laissent penser qu'il pourrait être malade.

C'est «un des sujets, inattendus, de ces dernières heures à Moscou», écrit le directeur de l'Observatoire franco-russe Arnaud Dubien sur Twitter. Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses rumeurs ont couru sur l'état de santé de Vladimir Poutine. Cette fois, c'est au tour de son plus fidèle allié, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, d'être au centre des spéculations. Lors des célébrations du 9 mai, «jour de la victoire» contre l'Allemagne nazie en Russie et dans plusieurs pays d'ex-URSS, l'autocrate est apparu affaibli.

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À Moscou, le défilé militaire réduit à la portion congrue réunissait des invités triés sur le volet et six chefs d'État étrangers «amis» de la Russie : les présidents d'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et du Turkménistan, le premier ministre arménien et, donc, Alexandre Loukachenko, au pouvoir en Biélorussie depuis 28 ans sans discontinuer.

Des signaux inquiétants

Ce dernier est arrivé en véhicule électrique au niveau des estrades de la Place Rouge, où il a pris place en boitant, l'air fatigué et la main enserrée dans un bandage couleur chair, comme le montrent les nombreuses photos et vidéos de l'événement. Les différents dirigeants se sont ensuite rendus à pied sur la tombe du Soldat inconnu, où ils ont déposé des gerbes de fleurs. Mais le président biélorusse a fait ce court trajet à bord du même véhicule électrique.

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Plus étonnant encore, Alexandre Loukachenko a ensuite fait l'impasse sur le déjeuner organisé au Kremlin, auquel participaient les autres chefs d'État. Il paraît invraisemblable que le président biélorusse n'ait pas été invité à cet événement, lui qui reste un des plus fervents alliés de Moscou dans sa guerre contre l'Ukraine. En février 2022, la Russie a en effet utilisé le territoire biélorusse comme rampe de lancement de son «opération militaire spéciale». Récemment, Vladimir Poutine a même annoncé l'installation d'armes nucléaires tactiques chez son voisin.

Peu après les cérémonies, Loukachenko a donc quitté précipitamment Moscou pour rejoindre Minsk. Lors des commémorations dans la capitale biélorusse, il a laissé son ministre de la Défense prononcer le discours à sa place, pour la première fois depuis le début de son règne. À cette occasion, il n'était pas vêtu d'un uniforme militaire, comme c'est traditionnellement le cas en cette occasion.

Le secret sur l'état de santé, héritage de l'URSS

Depuis, les rumeurs enflent sur l'état de santé du dirigeant biélorusse. Pour l'heure, les autorités du pays n'ont pas souhaité faire de commentaires à ce sujet. Auprès du site américain Newsweek, le politologue biélorusse Artyom Shraibman indique que «de nombreuses spéculations du genre ont émergé ces dernières années», certaines estimant que Loukachenko était «proche de son lit de mort». Mais ces rumeurs ne se sont, pour l'heure, jamais matérialisées.

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L'état de santé des dirigeants d'ex-URSS fait généralement l'objet d'une omerta absolue, héritage de l'empire soviétique, où le secret était un véritable attribut du pouvoir. Depuis plusieurs années, des rumeurs similaires bruissent sur l'état de santé de Vladimir Poutine. En janvier dernier, le directeur du renseignement militaire ukrainien déclarait à la chaîne américaine ABC News que le dirigeant russe souffrait d'un «cancer» à un «stade terminal» et qu'il allait mourir «très vite».

Peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, de nombreux médias s'étaient fait le relais d'une vidéo dans laquelle Vladimir Poutine, enfoncé dans son fauteuil, agrippé à la table, semblait constamment réprimer un rictus de douleur. Il n'en fallut pas plus pour que la vieille thèse de la maladie de Parkinson soit réactivée. Mais comme dans le cas Loukachenko, ce genre d'interprétation doit être manié avec une grande prudence : les rumeurs de toutes sortes sont un formidable outil de déstabilisation.

Source: Le Figaro