À 20 ans, ils gagnent tous les mois plusieurs milliers d’euros grâce à Vinted

May 12, 2023
271 views

Quelles marques vont monter en 2023 ? Comment transformer 80 euros en 300 ? Quels articles acheter l’hiver pour les revendre l’été ? Les conseils en matière d’achat/revente de vêtements d’occasion font florès sur TikTok. Qu’ils passent par un grossiste ou qu’ils aient souscrit à un bot qui leur indique dès qu’une bonne affaire est publiée, les pros de Vinted se sont bâti un empire et inspirent chaque jour de nombreux lycéens et étudiants. On les retrouve sur Vinted évidemment, mais aussi et surtout sur TikTok #achatreventevinted, dans des Discord… et chez les grossistes.

« Au début, j’ai commencé l’achat-revente sur Vinted pour me faire du capital, en revendant des vêtements perso que je ne mettais plus. Puis j’ai cherché les bonnes affaires directement sur Vinted, j’achetais pas cher pour revendre à un bon prix. J’ai augmenté la cadence et suis ensuite passé par un grossiste. » Timothé a 18 ans et s’est lancé il y a deux ans. Son business ? Les marques que tout le monde (ou presque) porte dans la rue comme Carhartt et Ralph Lauren. « Neuves, elles valent assez cher », alors que sur Vinted, « les gens ne connaissent pas les prix ou veulent se débarrasser rapidement de leurs vêtements, donc les mettent pas chers ». Avec des revenus compris entre 1 500 et 1 900 euros net par mois, Timothé se fait un peu plaisir, mais pour l’instant préfère soit réinvestir, soit mettre de côté.

À lire aussi Sur Vinted, une étudiante contourne les règles pour se faire envoyer des colis à moindre coût

Un objectif que s’est aussi fixé Corentin, utilisateur de Vinted depuis 2017, à l’origine « pour acheter des vêtements moins chers ». Il transforme sa stratégie perso en vrai business début 2021, avec un short : « Il coûtait 60 euros en magasin, je l’ai acheté 14 et je savais que c’était une bonne affaire. Comme il était trop grand, je l’ai revendu direct, à 20 ou 25 euros. Je me suis fait 10 euros à 17 ans alors que j’avais 40 euros d’argent de poche par mois ! » Au début, il revend des playmobils de son petit frère et gagne 60 euros. Avec cette vente, il achète 4 shorts, sur lesquels il a fait une marge. « J’ai tout réinvesti et je commence seulement à me payer ! Les premiers mois, sur 800 euros de chiffre d’affaires, je prenais 100 pour un resto avec ma copine, et je ne dépensais rien. »

« Moi je veux juste être libre de refuser un CDI »

À tout juste 19 ans, son business sur Vinted lui sert surtout à se « constituer un capital » : « J’ai vu un gars sur Vinted qui a gagné près de 8 000 euros et les a mis dans des actions. Moi je m’en sers plutôt pour acheter un studio à retaper et à mettre en location. » Mais le succès de ses affaires ne lui monte pas au cerveau. « Quand on allume TikTok, on voit des influenceurs business qui génèrent des sommes d’argent énormes ! Et à tout juste 22 ans, ils sont déjà à Dubaï. Moi je veux juste être libre de refuser un CDI. La liberté me motive plus que le lifestyle ! »

Prudent, Corentin diversifie ses sources de revenus et travaille le week-end chez un traiteur, « même si je n’en ai pas forcément besoin » : « Si demain ça s’arrête, j’ai un autre travail étudiant ». Sur les cinq premiers mois de l’année, il a réussi à engranger 5 000 euros par mois, pour à peu près 2 500 de bénéfices. « 2 000 euros net, une fois déduites toutes les charges », précise-t-il. Une somme mensuelle que Timothé atteint presque avec 3 500 à 4 000 euros de chiffre d’affaires. Son bénéfice repose sur une stratégie bien rodée : « Même si je vois de bonnes affaires ou que je peux me faire un bénéfice dessus, je prends celle qui me permet de faire fois deux ou trois. »

« J’ai transformé une des salles de bain en buanderie »

Derrière les chiffres se cachent des heures de travail. Il faut acheter les vêtements, aller les chercher au point relais, les trier, les laver, estimer leur prix et… rédiger les annonces, « avec de belles photos qui donnent envie d’acheter », précise Timothé. Même s’il considère que « c’est relativement simple de se lancer », il faut connaître les bons articles et les bonnes marques, celles qui s’achètent pour pas grand-chose et se revendent avec une marge. Comme il est encore au lycée, c’est le week-end que le rythme est dense : « Les gens mettent beaucoup en vente le week-end et il y a beaucoup d’offres à ce moment-là. »

Parmi les autres caractéristiques du business, le besoin de place. Quand il n’achète pas sur Vinted, Timothé se fournit chez un grossiste et reçoit des commandes de 50 à 100 pièces. Le futur étudiant en graphisme se sert de sa chambre pour stocker avant d’écouler son stock. « J’arrive à bien ranger, mais ça prend de la place », précise le lycéen.

Un constat que font aussi les parents de Corentin, dont le stock a envahi la deuxième salle de bain familiale. « Ils sont fiers de ce que je fais, mais j’ai 600 articles à la maison et une des salles de bain est devenue une buanderie », rigole le jeune homme qui y fait son repassage et stocke les vêtements dans la baignoire. Comme Timothé, il a su trouver un grossiste facilement et qui lui permet d’éviter les problèmes de contrefaçon ou frais de douanes imprévus : « J’ai eu de la chance, c’est une start-up incubée dans mon école. Mais pour éviter les grossistes malhonnêtes, il suffit d’aller dans la barre de recherche sur TikTok et de choisir ! »

« Sur TikTok, on en voit qui se font avoir » Timothée

« Tous les gens qui se lancent dans l’achat-revente veulent se fournir avec des grossistes », regrette Timothé. « Sur TikTok, on en voit qui se font avoir et ne reçoivent jamais leur colis. Moi j’ai eu la chance d’en tester un qui m’a convenu directement. » Parce que les comptes TikTok promettant à n’importe qui de gagner énormément d’argent ne lui semblaient pas honnêtes, Émeric s’est spécialisé dans la vidéo de test de grossistes. À 23 ans, il a fait de l’achat revenant son business principal et peut gagner jusqu’à 3 000 euros net par mois. « Beaucoup de gens mettent en avant des grossistes avec un code d’affiliation et font ça pour un pourcentage », alerte le monteur vidéo, qui s’est spécialisé en « marques que tu trouves dans la rue, comme Nike, Lacoste ou Ralph Lauren, qui se vendent le plus ».

« On peut acheter deux doudounes pour 15 euros et les revendre 60 euros chacune »

Pour soutenir le business, la tech est aussi un bon coup de main. Des bots branchés sur des Discord ou des groupes Telegram indiquent en temps réel les articles mis en ligne à des prix trop faibles. Le but étant de permettre aux pros de l’achat-revente d’acheter rapidement la fripe qu’ils revendront beaucoup plus chère sans trop d’effort. Plus rentable encore que le grossiste. « 70 % de mon chiffre d’affaires vient de cet outil-là, car il permet de faire des meilleures marges », calcule Corentin : « Avec un bot, on peut acheter deux doudounes pour 15 euros et les revendre 60 euros chacune, des marges qu’on ne peut pas faire chez des grossistes. »

La conséquence ? Alors qu’il y a quelques années, les bonnes affaires existaient sur Vinted, il est plus difficile d’en dénicher. « Avant, on trouvait des Levi’s à 7 ou 8 euros. Maintenant c’est 25 à 30 euros », illustre Corentin, qui craint la décision de Vinted de lutter contre les bots en modifiant ses CGV fin mai.

De son côté, l’entreprise qui entend rester « avant tout une plateforme C2C avec une grande majorité de vendeurs particuliers qui vendent leurs vêtements d’occasion » a créé la fonctionnalité Vinted Pro en mai 2021. L’objectif ? Amener de plus en plus de personnes à vendre de l’occasion : « Nous pensons qu’une plus grande diversité de vendeurs peut aider davantage de personnes à choisir la seconde main. »

« Avec Shein, on a touché le fond »

Et l’offre est grande : « Aujourd’hui, il y a tellement de vêtements sur terre qu’on pourrait arrêter d’en produire et s’habiller quand même ! », avance Émeric : « Il faut arrêter avec Zara et Asos ! Et avec Shein, on a touché le fond. Quand les gens en revendent sur Vinted, ils coupent l’étiquette pour changer la marque en’boutique parisienne’ou’vintage dressing’. La seconde main est un business croissant, parce qu’il y a un intérêt économique d’abord, mais aussi écologique. Entre acheter un quart de zip Ralph Lauren à 200 euros et un autre quatre fois moins cher mais d’occasion, il vaut mieux acheter le moins cher. »

Conséquence, un autre risque plane sur le business de Corentin, Timothé, Émeric et les autres : la saturation du marché, comme celui des Sneakers. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de demande comparé à l’offre, donc c’est facile de se procurer les vêtements et de les vendre », précise Timothé, qui s’est spécialisé en pantalons Carhartt, Ralph Lauren ou Dickies. Et est incollable sur le pricing des marques qu’il suit. « Avant de se lancer, il faut bien se renseigner, pour éviter d’acheter des pièces qui ne vont jamais se revendre à des gros prix ! »

À lire aussi VIDÉO. Boutique Shein : Extinction Rebellion tente de convaincre les clients de renoncer à leurs achats

Source: Le Parisien