Tempête politique autour d'un "possible missile russe" trouvé au cœur de la Pologne

May 12, 2023
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Fin avril, les restes d'un «objet militaire aérien» capable de transporter des têtes nucléaires, tombé en décembre, ont été trouvés par un passant dans une forêt près de Bydgoszcz, selon les médias polonais.

L'annonce de la découverte des débris d'un missile «probablement russe» au cœur de la Pologne a provoqué une tempête politique à Varsovie, l'opposition criant au scandale et réclamant la démission du ministre de la Défense qui ambitionne de faire de son pays une puissance militaire européenne. Fin avril, les restes d'un «objet militaire aérien» - un missile de croisière russe KH-55, capable de transporter des têtes nucléaires, tombé en décembre, selon les médias polonais - ont été trouvés par un passant dans une forêt près de Bydgoszcz, dans le nord, à environ 500 km de la frontière orientale de ce pays membre de l'Otan.

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Le gouvernement nationaliste populiste, jusqu'alors muet sur cette affaire, a fait jeudi son premier commentaire public à ce sujet. Le ministre de la Défense, Mariusz Blaszczak, a accusé le commandant des forces opérationnelles d'avoir négligé les opérations de recherche des débris du projectile et de n'avoir informé personne de l'incident. M. Blaszczak n'a toutefois pas demandé sa démission ou sa suspension. Les militaires polonais et leurs collègues américains présents en Pologne ont pourtant bien suivi le vol de l'engin, y compris à partir de leurs avions, a-t-il ajouté.

Le premier ministre Mateusz Morawiecki a assuré n'avoir été mis au courant de cette affaire que fin avril, même si le chef d'état-major des armées, le général Rajmund Andrzejczak, affirme en avoir informé les responsables «au moment des faits». Vendredi, le Bureau de la sécurité nationale (BBN) près le président polonais Andrzej Duda qui, en vertu de la Constitution, est le chef suprême des armées, a souligné que les informations dont il dispose sur l'incident «ne justifieraient pas des décisions personnelles au sein du commandement des forces armées». Selon le BBN, «aucune conclusion n'a été présentée au président», dans cette affaire. Sans se prononcer sur les accusations formulées à son encontre, le commandant des forces opérationnelles, le général Tomasz Piotrowski, a appelé vendredi à «la raison», à «pondérer les émotions», disant faire «confiance» à la justice polonaise.

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«Le roi est nu»

Le chef de l'opposition centriste polonaise Donald Tusk a quant à lui estimé vendredi que «la première décision» à prendre était celle de limoger M. Blaszczak qui, selon lui, tente de «se cacher derrière les généraux». L'ancien ministre centriste de la Défense Tomasz Siemoniak a pour sa part qualifié de «propagande» la promesse maintes fois faite par l'actuel titulaire de ce poste selon laquelle la Pologne disposera dans les deux ans de «la plus puissante armée en Europe». «Le roi est nu», a conclu M. Siemoniak devant la presse.

De son côté, la gauche a dénoncé «le mensonge» et «les manipulations» du pouvoir. D'après les médias polonais, le missile sur lequel on pouvait discerner des inscriptions en cyrillique n'avait pas de tête armée, ce qu'aucune source officielle n'a jamais confirmé à ce jour. La ville de Bydgoszcz, près de laquelle le missile est tombé, abrite d'importantes forces militaires polonaises, des institutions de l'Otan et des usines d'armement.

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Contrats polonais

Voisine directe de l'Ukraine, la Pologne accueille notamment sur son sol, dans le cadre de l'Otan, environ 10.000 soldats américains et vient de se lancer dans d'imposants achats d'armes afin de renforcer ses propres capacités de défense. En juillet, Varsovie avait signé des accords-cadres avec la Corée du Sud portant sur un millier de chars K2, 672 obusiers automoteurs K9A1, 50 avions de combat FA-50 et 288 systèmes lance-roquettes multiples K239 Chunmoo.

Par ailleurs, les premiers des 32 avions américains F-35 sont attendus en Pologne dès l'année prochaine. Mercredi, le ministre Blaszczak a déclaré qu'il comptait signer un contrat avec Washington sur l'acquisition par son pays de 96 hélicoptères Apache et que les premiers lance-roquettes multiples Himars devraient arriver en Pologne courant mai.

Source: Le Figaro