Elections en Turquie : le vote turc en Allemagne, un réservoir de voix pour Erdogan
Devant un bureau de vote du consulat de Turquie à Berlin, en amont des élections législatives et présidentielle turques, le 27 avril 2023. MARKUS SCHREIBER / AP
Le sort de Recep Tayyip Erdogan se jouera-t-il en Allemagne ? Posée ainsi, la question peut surprendre, mais compte tenu de leur poids électoral, les Turcs établis outre-Rhin pourraient contribuer à faire la différence dans la perspective probable d’un duel serré entre le chef de l’Etat sortant et son principal adversaire, Kemal Kiliçdaroglu, à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 14 mai.
Sur les 64 millions de citoyens turcs inscrits sur les listes électorales, 3,4 millions votent à l’étranger. Parmi eux, 1,5 million – soit près de la moitié – se trouvent en Allemagne, ce qui place celle-ci loin devant la France (397 000 électeurs), les Pays-Bas (287 000), la Belgique (153 000), les Etats-Unis (134 000) et le Royaume-Uni (127 000). Lors de la précédente élection présidentielle, en juin 2018, M. Erdogan avait été réélu dès le premier tour avec 52,6 % des voix. Parmi les Turcs votant à l’étranger, il avait obtenu 59,4 % des voix. En Allemagne, il avait fait encore mieux, avec 64,9 % des suffrages exprimés.
Cinq ans plus tard, le président sortant pourra-t-il compter sur un soutien aussi massif de la part de ses concitoyens de la diaspora ? Une chose est déjà certaine : ces derniers se sont davantage mobilisés qu’en 2018. A l’époque, leur participation avait été de 50,1 %. Cette année, 53,2 % se sont rendus dans les bureaux de vote mis à leur disposition dans 73 pays entre le jeudi 27 avril et le mardi 9 mai, a indiqué l’agence de presse turque Anadolu, mercredi 10 mai. Outre-Rhin, la progression est du même ordre : 48,8 % de votants, contre 45,7 % en 2018, selon les chiffres de l’ambassade de Turquie à Berlin. Au final, en incluant les voix des électeurs qui auront voté aux postes-frontières, par exemple aux points de douane des aéroports, ouverts jusqu’à dimanche, la participation des Turcs établis en Allemagne pourrait approcher 52 %.
L’influence des mosquées du réseau Ditib
D’après plusieurs experts interrogés par la presse allemande ces derniers jours, cette hausse de la participation pourrait profiter à M. Erdogan. Bien qu’il soit interdit aux ressortissants d’Etats extérieurs à l’Union européenne de faire campagne outre-Rhin dans les trois mois précédant une élection prévue dans leur pays, plusieurs députés du Parti de la justice et du développement (AKP), la formation du président turc, ont participé à des événements communautaires ces dernières semaines en Allemagne. « Si des responsables politiques pensent qu’ils peuvent faire campagne ici pour les élections en Turquie, nous ne pouvons pas le tolérer. Ce sont des méthodes inacceptables », s’est récemment indigné le ministre de l’intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Herbert Reul (CDU, chrétien-démocrate), sur la chaîne publique ZDF.
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Source: Le Monde