Les chaînes de télévision privées lancent l’offensive contre France Télévisions
Le siège de France Télévisions, à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. NATHAN ALLIARD / PHOTONONSTOP
On croyait les chaînes de télévision unanimes à désigner le péril qui les menace, incarné par les plates-formes mondiales à la puissance financière inégalable. Les voici plus modestement engagées sur le sentier d’une guéguerre des privées contre les publiques. Sans envoyer de sommation à leur ancienne associée dans Salto, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, les patrons de TF1 Rodolphe Belmer et M6 Nicolas de Tavernost, accompagnés de leurs alter ego de Canal+, Maxime Saada, et Altice, Arthur Dreyfuss, réunis au sein de l’Association des chaînes privées (ACP), ont adressé, jeudi 11 mai, une lettre très offensive à la première ministre, Elisabeth Borne.
Avec force détails, ils y dénoncent les « avantages compétitifs » dont l’audiovisuel public leur paraît disposer et dont ils estiment pâtir, et « s’interrogent sur la clarté de ses missions et de son financement ». A leurs yeux, les chaînes de France Télévisions usent de subterfuges divers pour contourner leurs obligations (en matière de limitation de la publicité, ou d’exposition du spectacle vivant sur les antennes, par exemple) et opposer à la télévision privée une concurrence trop frontale, notamment sur le sport, la fiction et le cinéma américain. « L’argent public pourrait permettre à des sports émergents, pas accessibles en clair aux téléspectateurs, d’être diffusés », explique, par exemple, Maylis Çarçabal, au nom de l’ACP.
« Ce que nous défendons, c’est qu’il n’y a aucune raison pour que les impôts des Français financent une programmation qui peut être apportée réellement gratuitement par les chaînes privées », ajoute-t-elle. « Faustine Bollaert est sur France 2 alors qu’elle a commencé sur M6. France 2 a diffusé “Masterchef” fin 2022, alors que l’émission est d’abord apparue sur TF1 », développe le communicant d’un autre groupe privé. « De Nikos Aliagas à Jean-Luc Reichmann, Arthur ou Cyril Hanouna, la plupart des animateurs sont “nés” sur France Télévisions », s’agace en retour Stéphane Sitbon-Gomez, le bras droit de Delphine Ernotte.
Une offensive du privé prise très au sérieux
Outre leur opposition à toute augmentation de la publicité sur les chaînes publiques, les chaînes privées demandent notamment « la mise en place d’obligations assorties d’indicateurs chiffrés, chaîne par chaîne », là où aujourd’hui elles s’appliquent à France Télévisions en général. « C’est un contresens historique, riposte à nouveau M. Sitbon-Gomez. C’est l’Etat qui a souhaité, par une loi de 2008 et sur le lobbying de TF1 à l’époque, que nos obligations soient globalisées. »
Il vous reste 44.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde