Un expert prédit la mort du disque dur d'ici cinq ans
Un pronostic assez audacieux, mais qui témoigne tout de même d'une tendance
© Benjamin Lehman - Unsplash
Nos bons vieux disques durs à l’ancienne sont-ils sur le point de disparaître ? C’est en tout cas l’avis d’un expert des technologies de stockage interviewé par Blocksandfiles. Selon lui, cette technologie n’a plus d’avenir, et les HDD vont bientôt être entièrement supplantés.
Les disques durs traditionnels, inventés par IBM dans les années 50, enregistrent des données sur un disque magnétique physique. Cette approche fonctionne si bien que ces composants équipent encore des tas de machines modernes. Les constructeurs continuent de proposer des capacités toujours plus importantes ; les HDD de plus de 10 TB sont aujourd’hui fréquents, alors qu’ils relevaient encore de la science-fiction il y a une vingtaine d’années à peine.
Mais en dépit de ces progrès techniques, l’industrie s’est progressivement tournée vers une autre technologie : le SSD, pour Solid State Drive. Ici, pas de stockage physique; toutes les données sont enregistrées sur de la mémoire flash NAND. Et cela a des conséquences très concrètes. Les SSD sont globalement moins bruyants, encombrants, énergivores et fragiles que les HDD. Et surtout, ils sont aussi nettement plus rapides. Pour toutes ces raisons, les SSD sont aujourd’hui utilisés dans de plus en plus de machines. Cela concerne aussi bien les consommateurs lambda que les fleurons de l’industrie.
Vers la fin d’une ère
Et selon Shawn Rosemarin, directeur du département Recherche et Développement de Pure Storage, ce n’est plus qu’une question de temps avant que le SSD s’impose définitivement. Il s’attend même à ce que les derniers disques durs mécaniques soient vendus avant la fin de la décennie, en 2028 !
« 3 % de l’énergie mondiale est utilisée par les datacenters. Environ un tiers de ce montant est directement lié au stockage, et il s’agit presque entièrement de disques durs classiques », constate-t-il dans son interview à Blocksandfiles. « Donc si on peut éliminer ces disques et les remplacer par de la mémoire flash, ce qui revient à réduire la consommation électrique de 80 à 90 % tout en augmentant la densité de stockage de plusieurs ordres de grandeur dans un environnement où le prix de cette technologie continue à chuter, ça devient évident que le disque dur classique est sur la sellette », explique-t-il.
Précisons qu’il faut prendre ce pronostic avec des pincettes, et pour cause : Pure Storage est justement une entreprise spécialisée dans le développement de SSD. L’interprétation de Rosemarin n’est donc pas entièrement neutre.
Il avance tout de même des arguments assez convaincants ; le raisonnement paraît solide et pragmatique. Mais la conclusion, en revanche, semble déjà plus discutable. Si on peut effectivement s’attendre à ce que les HDD continuent à perdre du terrain ces prochaines années, affirmer qu’ils vont disparaître entièrement est assez audacieux.
Car fonctionnellement parlant, les SSD ne sont pas complètement équivalents à leurs ancêtres à disque. L’ancien modèle présente encore des avantages auxquels il va être très difficile de renoncer, en tout cas à court terme.
Les disques durs ont encore des arguments
Le premier critère est strictement économique. À l’heure actuelle, un SDD coûte encore nettement plus cher qu’un HDD à capacité égale. Par exemple, Samsung commercialise un SSD de 8 TB à environ 1200 €, alors qu’il est possible d’acheter un HDD équivalent pour une grosse centaine d’euros.
Ce point est important pour les particuliers, et même carrément vital pour les entreprises qui stockent beaucoup de données. Les datacenters affichent régulièrement des capacités supérieures à 1500 exabytes, soit 1500 milliards de GB. Et lorsqu’on applique cette différence de prix à cette l’échelle, une transition complète ne semble pas envisageable pour le moment. Certes, les prix des SSD baissent rapidement avec les années, et la différence serait partiellement amortie par la consommation moins importante. Mais il est tout de même difficile d’imaginer que la tendance va s’inverser entièrement d’ici 5 ans.
Il faut aussi tenir compte de la capacité brute de ces supports. Cartes, la tendance commence à s’inverser à ce niveau. Mais pour l’instant, à l’exception de quelques exemples très sophistiqués et ultraspécialisés, la capacité maximale des SSD commerciaux est encore nettement inférieure à celle des HHD.
Un autre point très important dans ce contexte, c’est la capacité d’un support de stockage à préserver l’intégrité des données sur le long terme. Et pour l’instant, les HDD sont encore nettement plus performants à ce niveau. En effet, les cellules flash des SSD sont plus vulnérables aux erreurs du système que les plaques magnétiques des HDD, qui peuvent théoriquement encaisser des millions de cycles d’écriture. C’est est aussi beaucoup plus difficile de récupérer les données d’un SSD en cas de pépin.
Il sera donc intéressant d’observer l’évolution de ces technologies ces prochaines années. Il est effectivement fort probable que le disque dur à l’ancienne tire sa révérence un jour, mais il est encore difficile de déterminer quand. Qui sait, peut-être que de nouveaux progrès techniques viendront donner raison à Rosemarin dans un futur proche. Mais jusqu’à preuve du contraire, le modèle du HDD traditionnel a encore quelques belles années devant lui.
Source: Journal du geek