A Lyon, le footballeur, le voyou et le corps qui finit dans les profondeurs du lac Léman

May 13, 2023
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Ancien footballeur semi-professionnel qui a joué dans plusieurs clubs en Suisse, Charles Ravet, 35 ans, a été condamné par la cour d’assises de Lyon, vendredi 12 mai, à vingt ans de réclusion criminelle pour l’assassinat de Julien Lorini. Un crime commis le samedi 16 juin 2018, dans la cave de la maison de ses parents, à Villeurbanne, avant de se débarrasser du cadavre dans le lac Léman.

« C’est quelque chose que je n’ai pas voulu, je n’ai pas voulu le tuer. Si je pouvais changer les choses, je le ferais. J’aurais dû ne jamais rencontrer Julien Lorini », a déclaré l’accusé, juste avant la clôture des débats. Après cinq heures de délibération, Raphaël Vincent lui a répondu en commentant le verdict. « Tout s’est passé comme vous l’avez organisé. Ce qui s’est passé exactement dans cette cave, cela restera votre secret. Ce dont on est certain, c’est que tous vos mensonges n’ont eu qu’une utilité : masquer cette circonstance de préméditation », a expliqué le président de la cour.

Tout au long des quatre jours de procès de cette affaire criminelle hors cadre, l’ancien milieu de terrain s’est tenu à la version d’une bagarre imprévue, provoquée par une dette de stupéfiants, contre une figure du banditisme lyonnais à la solide réputation. « J’ai vu des gens qui avaient dans les yeux la peur de lui. Je savais qu’il était capable du pire », a argumenté l’accusé.

Sa thèse n’a pas résisté aux preuves de l’acquisition d’une batte de base-ball métallique, d’un duvet et d’un bonnet de bain, effectuée deux heures à peine avant le crime. Une batte pour frapper, un duvet comme sarcophage, et le bonnet pour éviter le flot de sang : « un kit assassinat », a cinglé Eric Mazaud. Des ustensiles achetés en espèces. Sauf un complément de 17 euros avec une carte bancaire suisse, qui a permis aux enquêteurs de retracer l’achat dans une grande surface spécialisée.

Rencontre en boîte de nuit

L’avocat général a rappelé le témoignage accablant de son ex-petite amie, résumant les confidences de Charles Ravet : « Il a porté un premier coup, avant de l’étrangler de ses propres mains. » Et celui d’un proche ami, expliquant que l’ancien footballeur parlait de « se débarrasser » de Lorini comme d’une obsession, quitte à recruter « une équipe ». « Trafiquant ou pas, personne ne doit mourir de cette façon, au fond d’une cave, au fond d’un lac », a tenu à rétablir le ministère public.

« Pourquoi ce serait lui qui mentirait ? Vous l’imaginez une seconde faire ça ? », a plaidé en défense Jean-Félix Luciani, se tournant vers l’accusé en chemise blanche boutonnée jusqu’au col, le regard sombre sous ses sourcils crispés. Le pénaliste lyonnais a voulu redistribuer les rôles autrement. Issu de la classe moyenne, mère administratrice de lycée, père gestionnaire de l’université de droit Lyon-III, Charles Ravet n’était pas programmé pour croiser Julien Lorini, personnage actif du banditisme lyonnais, selon les spécialistes de la police judiciaire.

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Source: Le Monde