En Italie, face à la crise démographique, le populisme fait recette
La présidente du conseil, Giorgia Meloni, et le pape François, à Rome, le 12 mai 2023. FILIPPO MONTEFORTE / AFP
Les chiffres donnent le vertige. En 2022, l’Italie a donné naissance à moins de 400 000 enfants selon l’Institut national de statistique (Istat), tandis que, sur la même période, le pays enregistrait plus de 700 000 décès. Si la chute de la natalité dans la Péninsule suit une courbe descendante depuis plusieurs années, jamais depuis l’unification du pays en 1861 le nombre de naissances n’avait été aussi bas. C’est pour conjurer cet « hiver démographique », une expression passée dans le langage courant des Italiens, que les « états généraux de la natalité » ont été créés. La troisième édition de ce congrès rassemblant responsables politiques et économiques s’est tenue à Rome, jeudi et vendredi.
Signe que la problématique démographique inquiète, l’événement a réuni l’ensemble du spectre politique du pays, des ministres aux responsables des partis d’opposition, comme Elly Schlein, secrétaire général du Parti démocrate (centre gauche) ou Giuseppe Conte, patron du Mouvement 5 étoiles (antisystème). Vendredi matin, la tribune a réuni la présidente du conseil, Giorgia Meloni, et le pape François, chaleureusement applaudis par l’assemblée.
« Nous vivons à une époque où il est de plus en plus difficile de parler de la naissance, de la maternité et de la famille, a expliqué la cheffe du gouvernement. Parfois, cela ressemble presque à un acte révolutionnaire. » La leader de Fratelli d’Italia a rappelé aussi combien la natalité et la famille restaient une « priorité absolue » de sa mandature. De fait, la relance des naissances et le renforcement des politiques familiales figuraient en tête de son programme électoral en 25 points l’été dernier.
Durant les deux jours, une litanie de chiffres a donné la mesure de l’effondrement démographique de l’Italie. « D’ici à 2042, le PIB de notre pays risque de reculer de 18 % si le taux de natalité reste aussi faible », s’est inquiété le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti (Ligue, extrême droite). « Un grand pays qui perd des habitants risque de ne plus être un grand pays », a de son côté souligné Giancarlo Blangiardo, président de l’Istat jusqu’en mars dernier. Selon ses projections, l’Italie pourrait perdre 11 millions d’habitants ces prochaines années si rien n’est fait pour enrayer la chute des naissances. Un tableau apocalyptique auquel le ministre de l’éducation, Giuseppe Valditara, a apporté sa contribution en précisant que, d’ici dix ans, le nombre d’écoliers pourrait passer de 7,4 millions à 6 millions.
« Les deux faces d’une même pièce »
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Source: Le Monde