La stratégie sous-marine de la Chine en carte

May 13, 2023
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Selon un rapport du Pentagone publié en novembre 2022, la Chine posséderait la première marine au monde en nombre de bâtiments. Elle compterait environ 340 plates-formes (flottes de surface, sous-marins, etc.), dont six sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et 44 sous-marins conventionnels. L’US Navy, longtemps sans rivale dans cette région de l’Asie, se voit aujourd’hui concurrencée par les ambitions de Pékin.

Si la Chine est dotée d’une large façade maritime, elle ne dispose pas d’accès direct à la haute mer. Une première chaîne d’îles, qui s’étend du Japon jusqu’au sud des Philippines en passant par Taïwan, dessine les contours d’un espace maritime quasiment fermé – appelé aussi « Méditerranée asiatique » – qui lui barre l’accès aux océans. Ces eaux sont par ailleurs peu profondes, alors que les sous-marins à propulsion nucléaire ont besoin d’une profondeur d’au moins 200 mètres pour circuler discrètement.

L’autre particularité de cette « barrière » d’îles est d’être composée de territoires appartenant à des Etats proches, ou alliés, de Washington. Il est donc impossible pour la marine chinoise de se projeter dans l’océan Indien ou dans le Pacifique via ces détroits stratégiques et très surveillés, d’autant que ses sous-marins nucléaires sont dotés d’une technologie limitée. Maîtriser les voies sous-marines et les détroits profonds lui permettrait donc de remédier à ces faiblesses.

Dans cette optique, deux territoires revêtent un enjeu stratégique.

D’abord, au nord, Taïwan possède une ouverture à l’océan profond depuis sa côte orientale. Si la Chine contrôlait l’île, ses sous-marins auraient alors accès à des eaux de 1 300 mètres de profondeur leur permettant de se diluer rapidement dans le Pacifique, voire d’approcher des côtes américaines. Le sud de l’île délimite également le passage de Bashi qui, pouvant atteindre 4 000 de profondeur, est le point de passage obligé pour les sous-marins voulant transiter de la mer de Chine vers le Pacifique, et inversement.

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Ensuite, au sud, Pékin revendique l’ensemble de la mer de Chine méridionale, et des archipels qui s’y trouvent. Dans les Spratleys, la Chine occupe, depuis les années 1980, sept îlots et récifs. Présentées initialement comme des stations scientifiques, les infrastructures chinoises ont été agrandies et les récifs poldérisés dans les années 2010. Nombre d’entre eux sont aujourd’hui de véritables bases, équipées de pistes d’atterrissage et de ports accessibles aux bâtiments militaires. Pékin s’intéresse aux ressources énergétiques ou halieutiques de cet archipel, mais surtout à la faille de 3 000 mètres de fond qui le traverse. Celle-ci offre à ses sous-marins la possibilité de se cacher aisément pour atteindre l’océan Indien via le détroit de Lombok.

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Source: Le Monde