" Les jeunes qui partent en Erasmus savent que leurs acquis linguistiques et culturels seront un atout dans leur carrière "
Plus de trente-cinq ans après la création du programme Erasmus (European Action Scheme for the Mobility of University Students), plus de 10 millions d’Européens ont pu bénéficier d’un séjour de mobilité. Nelly Fesseau, directrice de l’agence Erasmus+ France éducation et formation, constate qu’il continue d’attirer les jeunes Européens, même après la pandémie de Covid-19, qui avait stoppé les échanges universitaires.
Erasmus+ a vocation à fabriquer un sentiment d’appartenance à l’Europe, mais il y a eu le Brexit, en 2016, et une guerre qui dure depuis plus d’un an en Ukraine. Quelles en sont les conséquences ?
Avant le Brexit, un étudiant inscrit dans une université française − avec des frais d’inscription de quelques centaines d’euros − pouvait aller passer une année à Oxford ou à Cambridge dans le cadre d’Erasmus+. La participation au programme assurait une mixité des publics. Aujourd’hui, seuls les étudiants les plus aisés peuvent se permettre d’aller étudier au Royaume-Uni. Cette sortie est un grand dommage pour les jeunes, mais c’est, selon moi, les Britanniques de la classe moyenne qui sont les premiers pénalisés. Les autres Européens qui souhaitent vivre une immersion dans un pays anglophone vont en Irlande, à Malte, ou dans tout autre pays qui dispense des cours en anglais.
Quant à l’Ukraine et à la Russie, elles ne font pas partie du programme de l’Union européenne [UE]. L’Ukraine est accessible en tant que pays tiers du voisinage de l’UE. Les Européens ont ressenti avec beaucoup d’empathie ce qui arrivait à leurs voisins ukrainiens. Les établissements d’éducation à travers les territoires se sont mobilisés pour accueillir des élèves réfugiés. Des fonds Erasmus+ ont pu être débloqués pour cela. Aujourd’hui, il est question d’accélérer l’entrée de l’Ukraine dans le programme. C’est la preuve du bon résultat des échanges sur le long terme pour construire les nouvelles générations d’Européens.
Le programme a-t-il les moyens de cette ambition ?
Le financement d’Erasmus+ est programmé sur sept ans. Sur la période 2014-2020, pour les vingt-sept membres de l’Union et six pays associés, le budget était de 15 milliards d’euros. Pour la période 2021-2027, il est passé à 28 milliards. Concernant l’agence Erasmus+ France éducation et formation, notre budget est de 2,2 milliards sur la période 2021-2027, soit une progression de 1 milliard par rapport au septennat précédent. Cela traduit une volonté politique très forte des parlementaires européens et de la Commission européenne d’intensifier le programme et de financer encore plus de mobilités. En 2022, nous avons financé 136 000 mobilités. Notre objectif est de dépasser les 200 000.
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Source: Le Monde