La découverte d’un " probable missile russe " en Pologne provoque une tempête politique

May 13, 2023
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Vue aérienne du site où les restes d’un objet militaire ont été découverts dans une forêt, près de la ville de Bydgoszcz, en Pologne, le 27 avril 2023. KACPER PEMPEL / REUTERS

A la fin du mois d’avril 2023, les restes d’un « objet militaire aérien » − un missile de croisière russe KH-55, capable de transporter des têtes nucléaires, qui serait tombé en décembre selon les médias polonais − ont été trouvés par un passant dans une forêt près de Bydgoszcz, dans le nord de la Pologne, à environ 500 km de la frontière orientale. Ces débris sont aujourd’hui au cœur d’une tempête politique dans ce pays membre de l’OTAN, qui ambitionne de devenir une puissance militaire européenne.

Le gouvernement nationaliste populiste, jusqu’alors muet sur cette affaire, a fait, jeudi 11 mai, son premier commentaire public à ce sujet. Le ministre de la défense, Mariusz Blaszczak, a accusé le commandant des forces opérationnelles d’avoir négligé les opérations de recherche des débris du projectile et de n’avoir informé personne de l’incident. M. Blaszczak n’a toutefois pas demandé sa démission ou sa suspension.

Les militaires polonais et leurs collègues américains présents en Pologne ont pourtant bien suivi le vol de l’engin, y compris à partir de leurs avions, a-t-il ajouté. « Nous avons été en contact avec nos homologues polonais à ce sujet. On essaie d’en savoir un peu plus », a commenté devant les journalistes, vendredi à Washington, le porte-parole du conseil de sécurité nationale, John Kerby.

Appel à la « raison »

Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a, quant à lui, assuré n’avoir été informé de cette affaire que fin avril, même si le chef d’état-major des armées, le général Rajmund Andrzejczak, déclare l’avoir révélée aux responsables « au moment des faits ».

Vendredi, le Bureau de la sécurité nationale (BBN), lié au président polonais Andrzej Duda qui, en vertu de la Constitution, est le chef suprême des armées, a souligné que les informations dont il dispose sur l’incident « ne justifieraient pas des décisions personnelles au sein du commandement des forces armées ». Selon le BBN, « aucune conclusion n’a été présentée au président », dans cette affaire.

Sans se prononcer sur les accusations formulées à son encontre, le commandant des forces opérationnelles, le général Tomasz Piotrowski, a appelé vendredi à « la raison », à « pondérer les émotions », disant faire « confiance » à la justice polonaise.

Dans le même temps, le chef de l’opposition centriste polonaise, Donald Tusk, a estimé que « la première décision » à prendre était celle de limoger M. Blaszczak qui, selon lui, tente de « se cacher derrière les généraux ». L’ancien ministre centriste de la défense, Tomasz Siemoniak, a pour sa part qualifié de « propagande » la promesse maintes fois faite par l’actuel titulaire de ce poste selon laquelle la Pologne disposera dans les deux ans de « la plus puissante armée en Europe ». « Le roi est nu », a conclu M. Siemoniak devant la presse. De son côté, la gauche a dénoncé « le mensonge » et « les manipulations » du pouvoir.

Près de 10 000 soldats américains sur le sol polonais

D’après les médias polonais, le missile sur lequel on pouvait discerner des inscriptions en cyrillique n’avait pas de tête armée, ce qu’aucune source officielle n’a jamais confirmé à ce jour. La ville de Bydgoszcz, près de laquelle le missile est tombé, abrite d’importantes forces militaires polonaises, des institutions de l’OTAN et des usines d’armement.

Voisine directe de l’Ukraine, la Pologne accueille notamment sur son sol, dans le cadre de l’Alliance atlantique, environ 10 000 soldats américains et vient de se lancer dans d’imposants achats d’armes afin de renforcer ses propres capacités de défense. En juillet, Varsovie avait signé des accords-cadres avec la Corée du Sud portant sur un millier de chars K2, 672 obusiers automoteurs K9A1, 50 avions de combat FA-50 et 288 systèmes lance-roquettes multiples K239 Chunmoo. Par ailleurs, les premiers des 32 avions américains F-35 sont attendus en Pologne dès l’année prochaine.

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Mercredi, le ministre Blaszczak a déclaré qu’il comptait signer un contrat avec Washington sur l’acquisition par son pays de 96 hélicoptères Apache et que les premiers lance-roquettes multiples Himars devraient arriver en Pologne courant mai.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde