Inflation : les producteurs de tomates dénoncent les marges "abusives" de la grande distribution

April 25, 2023
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Dans un communiqué, Légumes de France cite l'exemple du «taux de marge de 84%» observé dans les rayons des supermarchés pour les tomates grappe produites en France.

Nouvelle illustration de la guerre entre grande distribution et producteurs. Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière par Légumes de France, les producteurs français de tomates «dénoncent des marges abusives de la part de certaines enseignes de la grande distribution», qualifiant cette dernière de «pompier pyromane qui asphyxie les producteurs français».

Pour appuyer son propos, la fédération des producteurs de légumes se base sur les données de l'office agricole national, FranceAgriMer. «La marge brute sur la tomate grappe origine France avait déjà atteint 1,82 euro fin mars soit un taux de marge de 84% contre 28% sur la moyenne 3 ans», note Légumes de France. Sur la dernière semaine étudiée, celle du 10-16 avril, «elle était de 1,64 euro soit un taux de marge de 73% contre 55% en moyenne sur 3 ans», ajoute la fédération. «Les taux de marge observés sur ce début de campagne sont assez inédits», déplore Yann Le Cunff, animateur à l'Association des producteurs de tomates et de concombres de France (AOPn).

Il convient de rappeler néanmoins que la marge brute des fruits et légumes correspond «à la marge commerciale unitaire de la grande distribution considérée dans son ensemble (centrales d'achat, plates-formes logistiques des enseignes et magasins)» et «peut également intégrer la marge commerciale des grossistes», décrit FranceAgriMer. Les marges observées ne sont donc pas à mettre uniquement sur le compte du dernier maillon de la chaîne.

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Les enseignes se défendent

En appliquant, d'après les producteurs, des marges si élevées, la grande distribution provoque «une mise en danger de la santé financière des producteurs et des prix excessivement hauts pour les consommateurs finaux les détournant des produits français au profit de produits d'importation (origine Maroc)», fustige le communiqué de Légumes de France. «Une attitude qui traduit le peu de considération de ces enseignes pour leurs engagements de souveraineté alimentaire pourtant déclamés à longueur de publicités», critique la fédération. «Elle pourrait à terme détourner les consommateurs des produits français», ajoute Yann Le Cunff.

Du côté des enseignes, on se défend de faire son beurre sur le dos des producteurs. «La marge qu'on prend sur les tomates françaises ou espagnoles est la même, et a même baissé», assure-t-on chez Système U : les professionnels ont encaissé une partie de l'inflation des intrants sur leurs marges, plaide-t-on. «Ce que nous reprochent en réalité les producteurs, c'est de ne pas avoir que des tomates françaises dans les rayons», croit-on savoir, la raison étant qu'elles sont «plus chères que les espagnoles ou marocaines». Les autres enseignes contactées n'ont pas réagi.

Comme les autres fruits et légumes frais, la tomate a vu son prix s'envoler à la faveur du choc inflationniste qui a aussi frappé les producteurs. En moyenne, un kilogramme de tomates au détail coûtait en mars 5,14 euros, soit une hausse de 25% en un an (4,09 euros en mars 2022), selon l'Insee. Dans le détail, selon les chiffres de FranceAgriMer, un kilo de tomates rondes origine France (57-67 ou 67-82 mm en vrac), en grandes et moyennes surfaces, coûtait en mars 4,89 euros (+10% par rapport à avril 2022), contre 4,39 euros pour son équivalent espagnol (+8%) et 4,05 euros pour son équivalent marocain (+98%).

Source: Le Figaro