Distribution : les grandes manœuvres autour de Casino lancent une consolidation longtemps retardée
A Caen, le 29 novembre 2019. SAMEER AL-DOUMY / AFP
Qui l’eût cru ? Ce sont des magasins de chrysanthèmes et de croquettes qui ont relancé les grandes manœuvres dans le secteur de la grande distribution en France. La publication des bans, le 9 mars, concernant le projet de mariage plutôt baroque entre Monoprix, Franprix, Casino d’un côté, et Jardiland et Gamm vert de l’autre, a conduit les fauves à sortir du bois.
Comme Casino l’a fait savoir lundi 24 avril, Intermarché a rejoint ce projet mené par le céréalier InVivo et ses alliés regroupés dans la société Teract, tandis que l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde) propose de renflouer le distributeur stéphanois, à hauteur de 750 millions d’euros. Quelle que soit l’issue de ces discussions, il paraît clair désormais que les enseignes françaises de Casino n’échapperont pas à une consolidation, longtemps retardée. Reste à savoir sous quelle forme.
Evidemment, ces approches s’expliquent avant tout par la santé chancelante de l’empire conquis par Jean-Charles Naouri. Ces dernières années, les projecteurs étaient braqués sur l’endettement trop élevé des holdings de contrôle du distributeur, notamment sa maison mère, Rallye, qui a fait l’objet d’une procédure de sauvegarde en 2019. Désormais, c’est le groupe lui-même qui croule sous les dettes, au point d’envisager une possible procédure de conciliation.
Un secteur jugé trop morcelé
Le Groupe Casino a beau vendre des actifs à tour de bras, à l’image de la cession de Leader Price à Aldi, pour rembourser ses créances, celles-ci ne font qu’augmenter, signe que la situation se dégrade sur le plan opérationnel. Car, autant les commerces de proximité Monoprix et Franprix avaient bénéficié de la crise liée à la pandémie de Covid-19, autant l’inflation pousse les consommateurs vers les réseaux les plus agressifs en termes de prix, loin des enseignes du giron de Casino.
Tous les concurrents observent la situation. Ce qui étonne, c’est l’absence de Carrefour. Depuis sa nomination, en juin 2017, Alexandre Bompard, le PDG, s’est fait le chantre de la course à la taille, appelant de ses vœux une concentration dans un secteur jugé trop morcelé en France. Par trois fois, il a d’ailleurs tenté des rapprochements d’envergure.
En septembre 2018, une rencontre avec M. Naouri s’était terminée par des échanges de communiqués peu amènes, chacun accusant l’autre d’en avoir été à l’initiative. En janvier 2021, un flirt avec le distributeur canadien Couche-Tard avait été vivement réprimé par le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, sous couvert de protéger la souveraineté alimentaire et les emplois en France – il est à noter que, si Carrefour emploie environ 100 000 personnes en France, Casino en compte tout de même 75 000. En septembre 2021, enfin, un rachat de Carrefour par Auchan mis à l’étude par la famille Mulliez était tombé à l’eau.
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Source: Le Monde