Israël-Gaza : l’Egypte obtient un accord pour un cessez-le-feu après trente-cinq morts en cinq jours

May 13, 2023
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Le système de défense aérienne israélien Iron Dome intercepte les roquettes lancées depuis la ville de Gaza, le 13 mai 2023, au-dessus de la ville méridionale de Sderot. MENAHEM KAHANA / AFP

Une trêve est entrée en vigueur, samedi soir 13 mai, après cinq jours de combats de missiles et de roquettes entre l’armée israélienne et des groupes armés palestiniens de Gaza ayant fait trente-cinq morts depuis mardi.

L’Egypte, médiateur traditionnel entre les belligérants, a obtenu l’accord des parties sur une trêve commençant dès 22 heures (21 heures à Paris), a annoncé Mohammad Al-Hindi, un haut responsable du groupe militant du Jihad islamique à Gaza, à la chaîne Al Kahera Wal Nas. « Nous voulons remercier l’Egypte pour ses efforts », a déclaré à l’AFP Mohammad al-Hindi.

Dans la dernière demi-heure avant l’entrée en vigueur de la trêve, des dizaines de roquettes ont été tirées de la bande de Gaza, pour beaucoup interceptées par la défense antiaérienne d’Israël qui a mené de nouvelles frappes aériennes sur le territoire palestinien, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) à Gaza et des témoins.

Quelques roquettes ont encore été tirées après 22 heures suivies de nouvelles frappes israéliennes avant un retour apparent au calme et que la population commence à ressortir par centaines dans les rues de Gaza, désertées depuis plusieurs jours.

Des Palestiniens inspectent les décombres de la maison de Zeyad Selmi, membre du Jihad islamique, après qu’elle a été touchée par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, le 13 mai 2023. FATIMA SHBAIR / AP

Escalade meurtrière

Israël n’a fait aucune annonce de nature à confirmer officiellement un accord de trêve après cette escalade meurtrière, la plus violente entre Gaza et Israël depuis août 2022, commencée mardi par des raids aériens ayant tué trois commandants militaires du Jihad islamique, mouvement qualifié de « terroriste » tant par les Etats-Unis et l’Union européenne que par Israël.

Pour les habitants de la bande de Gaza le temps s’est écoulé au rythme des frappes aériennes israéliennes tandis que dans les zones israéliennes limitrophes de la clôture ceignant le mince territoire littoral, les habitants étaient calés sur celui des sirènes d’alertes antiroquettes, terrés dans des abris.

Peu avant l’annonce de la trêve, le général israélien Herzi Halevi, chef d’état-major interarmes, s’était félicité qu’Israël avait « atteint d’importants objectifs tout au long de cette campagne [qui] n’ont fait qu’augmenter tant en nombre que dans leur ampleur », et que « les tirs [de roquettes] continus de l’organisation terroriste Jihad islamique [avait permis à l’armée] de pousser encore l’avantage ».

De la fumée et du feu s’échappent d’une explosion causée par une frappe aérienne israélienne visant un bâtiment à Gaza, le 13 mai 2023. ASHRAF AMRA / AP

Plus tôt, les Brigades Al-Qods, branche militaire du Jihad islamique, avaient annoncé la continuation de leurs « tirs de missiles sur les villes » israéliennes « face à la poursuite des assassinats et des bombardements » israéliens.

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A Gaza, territoire sous blocus israélien depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007, le ministère de l’intérieur a accusé Israël de concentrer ses frappes « sur des objectifs civils et des bâtiments résidentiels », et appelé les organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales à « faire pression [sur Israël] pour qu’il cesse [ses] crimes [relevant] de la justice internationale ».

2 000 manifestants israéliens

A Tel-Aviv, plus de 2 000 manifestants israéliens ont défilé samedi soir. Nombre d’entre eux brandissaient des drapeaux palestiniens ou des pancartes « Stop à la guerre », selon des journalistes de l’AFP sur place.

Manifestation contre la guerre à Gaza à Tel-Aviv, le 13 mai 2023. JACK GUEZ / AFP

Selon l’armée israélienne, une roquette palestinienne est tombée dans l’après-midi sur une zone agricole israélienne à Shokeda, à moins de dix kilomètres de la bande de Gaza, blessant un ouvrier palestinien dont la mort a ensuite été annoncée à l’hôpital. Ce décès porte à trente-quatre le nombre des Palestiniens tués dans les affrontements entre Israël et Gaza depuis mardi. Côté israélien, une octogénaire a été tuée jeudi à Rehovot, dans le centre d’Israël.

Des journalistes de l’AFP ont constaté samedi de nouveaux dégâts causés par les frappes israéliennes sur des zones résidentielles à Beit Lahya et Gaza, dans le nord de la bande, ou Deir el-Balah, dans le centre.

Dans un communiqué, le premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a « exigé une intervention des Nations unies pour faire cesser les crimes israéliens ».

Parmi les Palestiniens tués figurent six commandants militaires du Jihad islamique, des combattants de ce mouvement, et d’autres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), autre groupe armé.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a confirmé la mort d’au moins treize civils palestiniens parmi lesquels sept mineurs. L’armée israélienne affirme que quatre civils, dont trois mineurs, ont été tués par des roquettes palestiniennes tombées sur la bande de Gaza.

L’armée, dit avoir touché depuis mardi 371 « cibles terroristes » et que plus de 1 230 roquettes ont été tirées de Gaza vers Israël, dont plus de 370 ont été interceptées par le système de défense antiaérien, qui ne se déclenche normalement que lorsque les roquettes menacent des zones habitées.

Des journalistes de l’AFP ont vu deux bus entiers d’étrangers employés par des organisations internationales être évacués de Gaza dans l’après-midi.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde