Des scénaristes américains en grève, c’est peut-être un détail pour vous…

May 14, 2023
400 views

Des scénaristes en grève, membres du syndicat Writers Guild of America, manifestent devant les studios Silvercup, à New York, le 4 mai 2023. MICHAEL NIGRO/PACIFIC PRESS/LIGHTROCKET VIA GETTY IMAGES

Piqués de grève

Ce n’était pas arrivé depuis quinze ans. Appuyés par la Writers Guild, leur puissant ­syndicat, les auteurs et scénaristes américains ont cessé de travailler le 2 mai. Ils manifestent pour dénoncer le peu de considération que leur accordent les studios et réclamer une hausse de leur rémunération. En attendant l’aboutissement des négociations, la grève des petites mains du divertissement à l’américaine n’est pas sans conséquences : de nombreux tournages de films, séries ou émissions de télé sont à l’arrêt.

Ecrits vains

Ici, le 4 mai, dans le Queens, à New York, une poignée d’auteurs fait le pied de grue devant les studios Silvercup, producteur de la série American Horror Story. Sur leurs pancartes, les slogans sont faits maison. « Klaxonnez si vous supportez les auteurs », dit celle de gauche. « Nous ne voulions pas de cette grève, les studios, si ! », proclame une autre, tandis que celle de droite demande : « C’est quoi le deal avec ce deal injuste ? » Constat ­désabusé : pour appuyer leurs revendications, les auteurs font la grève des punchlines.

Humeur de chien

Plus intéressants que les slogans, les vêtements. Ainsi, l’homme de gauche est vêtu d’une veste ­matelassée bleu marine nous permettant de ­rappeler que ce genre de pièce, faite d’une couche de polyester et de deux couches de Nylon ­imperméable, a été inventée en 1965 par un certain Steve Gulyas. Colonel de l’US Air Force à la retraite, il aimait porter ces modèles pour ses parties de chasse ou ses sorties avec ses huskys. Les connaisseurs savent ­d’ailleurs qu’on l’appelle parfois « veste husky ».

Tendance de la brousse

A ses côtés, cet auteur, vêtu d’un sweat-shirt vert à manches raglan, est coiffé d’un chapeau ne manquant ni de caractère, ni de praticité. Ce couvre-chef s’est imposé dans les usages parce qu’il protège efficacement du soleil, mais également parce qu’il est plus souple et donc plus facile à rouler qu’une casquette ou qu’un chapeau en feutre. Dans les années 1960, les soldats américains engagés au Vietnam ne juraient que par lui. Ils avaient même trouvé un petit nom pour le désigner : boonie hat, ou, approximativement, « chapeau de brousse ».

Mauvaise langue

Enfin, terminons cette revue d’effectif, et de v­êtements, éminemment américaine, par une précision lexicale. En effet, l’homme en pull à col V et à rayures porte, par-dessus, une veste que beaucoup, de par chez nous, qualifieraient de « teddy ». Or, sachez-le, le terme teddy n’est utilisé qu’en France et est totalement incompréhensible aux Etats-Unis où seuls les termes varisty et letterman sont en usage. De la même façon, le mot « ­santiags » n’existe pas outre Atlantique. Là-bas, on dit « western boots », et rien d’autre.

Source: Le Monde