Analyse : La Victoire D'Israël Sur Le Jihad De Gaza

May 14, 2023
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Quelque chose a changé comme l'équation au niveau tactique

La série The Diplomat, qui s'est hissée en tête des audiences de Netflix ces dernières semaines, met en scène une ambassadrice des États-Unis à Londres. Dans l'une des scènes clés, l'ambassadrice a une longue conversation avec le président des Etats-Unis, qu'elle tente de le convaincre de revenir sur une décision importante qu'il a prise. "Les décisions qui arrivent sur votre bureau, dit-elle au président, sont prises à 51 % contre 49 %. "Dans ce genre de cas, nous avons besoin de votre intervention".

Il y a près de deux semaines, l'organisation terroriste palestinienne Jihad islamique (PIJ) a lancé plus de 100 roquettes sur Israël après la mort d'un prisonnier de sécurité, Khader Adnan. Ce dernier est mort après une grève de la faim de 85 jours au cours de laquelle il a refusé tout traitement médical. J'avais précédemment écrit que l'un des problèmes d'Israël vis-à-vis de Gaza est l'absence d'une politique claire (ou même l'absence de toute politique).

D'un point de vue stratégique, la situation n'a pas changé, même après l'opération "Bouclier et Flèche", qui vient de s'achever. Mais quelque chose a changé au niveau tactique et il s'agit d'un changement important. Si nous revenons à la scène de The Diplomat, une décision de ce type a atterri sur le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou. D'une part, il était impossible de ne pas répondre aux tirs de 100 roquettes de la semaine dernière. D'autre part, une opération lancée à Gaza est faite d'incertitudes: vous savez lorsque vous y entrez mais vous ne savez jamais comment vous sortirez... Ou quand.

Le niveau tactique

Israël a commencé à assassiner des jihadistes de haut rang par surprise. Cela lui a donné un avantage important, à la fois sur le plan mental et sur le terrain: la préparation défensive et l'évacuation immédiate de milliers de résidents exposés à la frontière de la bande de Gaza.

Au cours de l'opération, Israël a frappé de façon spectaculaire des centaines de cibles du Jihad islamique et tué 23 agents de l'organisation terroriste, dont six commandants de haut rang. De l'autre côté de l'équation, la moitié de l'État d'Israël s'est retrouvée à portée de roquettes, reclue à proximité ou dans des abris.

À Gaza

Malgré un effort considérable, le Jihad n'a pas réussi à convaincre l'organisation du Hamas de se joindre aux tirs de roquettes. Il s'agit d'une réussite importante pour Israël, car si le Hamas s'était joint à l'opération, celle-ci aurait duré beaucoup plus longtemps et le prix à payer aurait été plus lourd à tous les égards.

AP Photo/Adel Hana

Le fait que le Hamas ne se soit pas joint à l'opération indique un certain degré de dissuasion, ce qui est un élément important. Mais si tel est le cas, parallèlement à l'exploit israélien, le Hamas a renforcé sa position de souverain à Gaza. Ce qui est en soi un problème. Pourquoi le Hamas n'a-t-il pas suivi le Jihad ? Les raisons sont nombreuses, mais la principale est peut-être que le Hamas a beaucoup à perdre, tant sur le plan politique qu'économique.

Une question préoccupe le Hamas: que se passera-t-il sur le territoire de l'Autorité palestinienne lorsque le président Mahmoud Abbas quittera ses fonctions ? Le plan général du Hamas prévoit le contrôle, non seulement de Gaza, mais aussi de la Cisjordanie. Il doit donc faire preuve de force, mais aussi d'une certaine modération, à l'égard des habitants des deux territoires.

Le Hamas ne veut pas perdre les avantages économiques que Gaza reçoit d'Israël. Plus de 18 000 travailleurs gazaouis entrent chaque jour dans l'Etat juif pour y travailler. Cette autorisation est bien entendu soumise à un contrôle de sécurité. Mais un travailleur gazaoui qui reçoit un permis de travail est pour eux comparable à un ticket gagnant de loterie.

Mohammed ABED / AFP Des travailleurs palestiniens font la queue pour présenter leurs documents à Beit Hanun, dans le nord de la bande de Gaza, avant d'atteindre Israël par le point de passage d'Erez après sa réouverture le 26 avril 2022

Son revenu sera dix fois supérieur à celui qu'il percevrait à l'intérieur de la bande de Gaza... Si toutefois il trouve un emploi. Le taux de chômage chez les hommes de Gaza est de 50 %. Les salaires que ces travailleurs rapportent d'Israël dans la bande de Gaza permettent non seulement de soutenir une famille, mais aussi de faire tourner l'économie gazaouie en général. C'est pourquoi le Hamas ne veut pas compromettre cette possibilité.

Captifs

Cependant, il ne faut pas oublier un seul instant que la population civile de Gaza est tenue en captivité par les terroristes et qu'elle demeure leur bouclier humain. Lorsque, malheureusement, des passants sont tués lors d'attaques, ce n'est pas parce qu'Israël veut nuire aux civils. Mais parce que les terroristes se cachent au cœur de la population civile et s'entourent d'enfants, de sorte que l'armée israélienne s'abstienne de les attaquer. La preuve en est avec une vidéo montrant des pilotes annulant une attaque en raison de la présence d'un enfant à proximité.

La victoire

La notion de "victoire" dans le jargon militaire a évolué ces dernières années, notamment parce que la réalité a elle aussi changé. Il n'y a plus de victoires par K.O, mais seulement des victoires aux points. Dans ce contexte, l'opération "Bouclier et flèche" s'est soldée par une nette victoire israélienne.

Abed Rahim Khatib/Flash90 Des traînées de fumée sont visibles alors que des roquettes sont tirées de Gaza vers Israël, à Khan Younès.

Bien qu'il s'agisse d'une victoire aux points, elle n'en reste pas moins une victoire. Et maintenant, l'horloge tourne à nouveau, car le prochain "round" contre les terroristes dans la bande de Gaza n'est qu'une question de temps. Le nombre de points qu'Israël vient de gagner sera déterminé, dans une certaine mesure, par la durée de la période de calme que l'opération apportera.

Source: i24NEWS en Français