La descente aux enfers de Vice Media, déclaré ce lundi en faillite

May 15, 2023
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Le groupe média américain devrait être repris pour 220 millions de dollars. Il en valait 5,7 milliards en 2017.

C'est une véritable descente aux enfers pour Vice Media. Le groupe de média américain, un temps populaire chez les jeunes générations, était valorisé en 2017 plus de 5,7 milliards de dollars. À peine six ans plus tard, l'entreprise vient de se déclarer en faillite (procédure de «Chapter 11») auprès d'un tribunal outre-Atlantique.

Désormais, c'est un consortium, dont la société d'investissement Fortress Investment Group - le principal créancier de Vice-, qui devrait bientôt prendre le contrôle du groupe pour quelque 225 millions de dollars. «Sauf si d'autres parties décidaient de formuler une meilleure offre», précise le communiqué publié par Vice ce lundi.

Depuis quelques mois déjà, la direction s'était lancée à la recherche d'un nouvel acquéreur. Elle réclamait 1,5 milliard de dollars. Mais les candidats ne se sont pas bousculés. Alors que les pertes s'accumulaient, Vice a décidé en février de fermer son bureau en France, comme il l'avait fait auparavant dans d'autres pays.

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Née en 2007, l'édition tricolore du magazine canadien Vice avait gagné en popularité grâce à ses reportages incarnés et ses articles au ton libre, parfois irrévérencieux, axés sur la musique, l'art, la photographie ou des sujets de société. Ses contenus allaient du témoignage d'une star de X à l'âge d'or de l'industrie aux reportages sur les champs de bataille ukrainiens, en passant par des enquêtes sur le trafic d'organes en Chine.

Difficultés à monétiser l'audience

Mais le groupe média, qui s'appuie sur un modèle économique gratuit pour son site en ligne, éprouve des difficultés à monétiser son audience. Le ralentissement du marché publicitaire depuis la pandémie de Covid-19 n'a fait que détériorer la situation. «Les jeunes n'étant pas prêts à payer pour de l'information, Vice devra impérativement trouver de nouvelles sources de revenus s’il souhaite continuer à exister dans les prochaines années», analyse auprès du Figaro un bon connaisseur de ce média.

Autre difficulté : Vice Media s'est vu concurrencer au fil des années par d'autres médias comme BuzzFeed, Vox Media ou Brut, qui ciblent les mêmes publics. Toujours présent dans une trentaine de pays, le groupe, qui comprend également un studio de production et l'agence de publicité Virtue, enregistrait l'an passé un chiffre d'affaires de 600 millions de dollars, soit près de 100 millions de moins qu'attendu. Et il n'était pas parvenu à dégager des profits. En parallèle, les audiences de sa chaîne de télévision, Vice TV, peinent toujours à décoller.

Source: Le Figaro