Maurice Lévy lance une plate-forme d’art en ligne, YourArt

May 15, 2023
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Après une croissance hyperbolique dopée par la pandémie, le marché des ventes d’art en ligne, qui a atteint 10,8 milliards de dollars (9,9 milliards d’euros) en 2022, accuse un sérieux ralentissement. D’après le dernier rapport de l’assureur Hiscox publié le 26 avril, un tiers des collectionneurs prévoient de faire moins d’achats en ligen au cours des douze prochains mois, en raison d’une baisse de leurs revenus.

C’est dans ce contexte pour le moins incertain que Maurice Lévy, 81 ans, ancien patron de Publicis, lance le lundi 15 mai au Palais de Tokyo une nouvelle plate-forme numérique artistique baptisée « YourArt » (www.yourart.art), avec l’ambition affichée de se positionner comme le « YouTube de l’art », un réseau social facilitant l’accès aux artistes et galeries.

Après avoir confié, en 2017, les rênes du groupe publicitaire à son dauphin, Arthur Sadoun, le gourou de la réclame est donc reparti à la charge sur un terrain qu’il affectionne secrètement depuis cinquante ans. Maurice Lévy collectionne en effet des œuvres de Jean Dubuffet, Pierre Soulages ou Victor Brauner. Et il s’est familiarisé avec l’art d’aujourd’hui en présidant le conseil d’administration du Palais de Tokyo de 2003 à 2007.

Un projet mené avec de puissants amis

Mais ce sont les créateurs inconnus, les seconds de cordée, ceux qui s’escriment dans l’ombre et se désespèrent de rencontrer des amateurs ou des curateurs, qui le préoccupent. Voilà une dizaine d’années, au détour d’une étude sur le monde de l’art, il tombe sur un chiffre qui le désarçonne : il existerait pas moins de 200 millions d’artistes amateurs dans le monde. « Je me suis dit que j’allais leur offrir la plus grande galerie du monde », se souvient-il. Son entourage l’en dissuade aussitôt. « Tu vas ramasser des croûtes, et il y a déjà tellement de choses qui existent, qu’est-ce que tu vas foutre là-dedans ? », avancent ses proches. Maurice Lévy remballe l’idée, sans jamais l’oublier.

Pour mener à bien son projet, cet homme de réseau a levé 9 millions d’euros auprès d’une vingtaine de puissants amis, comme le financier et mécène américain Henry Kravis, qui a popularisé le modèle décrié du rachat par endettement, Patrick Drahi, patron d’Altice, ou Jean-Paul Agon, l’ancien PDG de L’Oréal.

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Près de trois cents artistes, professionnels ou amateurs, se sont déjà inscrits. Mais le plus difficile reste à convaincre les galeries, dans un marché de l’art stratifié en chapelles exclusives, voire excluantes. Les enseignes de première division, dont l’unité de base est le million de dollars, goûtent peu la promiscuité avec des galeries moins courues ou des artistes inconnus. Et l’offre de services en ligne est déjà pléthorique : il existe aujourd’hui pas moins de soixante-deux places de marché de l’art en ligne. Selon le rapport Hiscox, 71 % d’entre elles anticipent d’ailleurs un mouvement de fusions, lié au coup de frein du marché.

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Source: Le Monde