" Destruction d’emplois ", " pénurie de logements " : la lettre ouverte des professionnels de l’immobilier à Macron

May 15, 2023
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« Alerte rouge logement : des mesures attendues en urgence pour les Français ! ». C’est ainsi que les représentants du secteur de l’immobilier et de la construction ont titré leur lettre ouverte, publiée ce lundi matin en exclusivité dans Le Parisien Aujourd’hui en France et adressée directement à Emmanuel Macron.

Alors que le Conseil national de la refondation, voulu par Emmanuel Macron et dédié au logement, a reporté ses conclusions pourtant attendues la semaine dernière, les professionnels du secteur tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Car le logement va mal. Très mal et la production n’a jamais été aussi basse, tout comme les ventes.

Alors que ce conseil a réuni 200 experts pendant six mois, aucune date du report n’a été fixée. « Pourtant, nous lisons qu’une autre « conférence des parties » pourrait être organisée ! L’heure n’est plus aux constats, aux atermoiements ni aux hésitations. Quand l’État prendra-t-il la véritable mesure du risque de bombe économique, sociale et sociétale que représente la crise du « pouvoir d’habiter » à laquelle font face nos concitoyens ? », interpellent les signataires.

Une vingtaine de propositions étaient espérées de ce Conseil national de la refondation dédié au logement. Elles pourraient toutefois intervenir d’ici la fin du mois mais les professionnels du bâtiment rappellent au président de la République « qu’il n’y aura pas de plein-emploi si la mobilité des salariés est entravée par l’impossibilité de se loger ».

La destruction de 150 000 emplois

« Faut-il encore rappeler que le logement constitue un formidable moteur de notre économie et que, sans décisions puissantes et rapides, son arrêt entraînera dans les prochains mois la destruction de plus de 150 000 emplois, mais également un manque criant et évident de logements ainsi que l’aggravation des conditions de vie des Français du fait d’une pénurie d’offre accessible ? Ce déficit concernera aussi la construction de logements sociaux, dont 54 % sont réalisés par les promoteurs immobiliers », veulent-ils alerter.

Un secteur dont la dégradation s’est accélérée avec l’accès au crédit qui s’est considérablement durci en dix-huit mois, l’augmentation des coûts de construction et la réticence des maires à délivrer des permis de construire. Les responsables du secteur rappellent aussi leur rôle essentiel dans la transition écologique, « avec l’application de la réglementation environnementale 2020 dans le neuf, sans doute la plus exigeante au monde, l’engagement clair vers la sobriété foncière, avec son volet recyclage des sols déjà artificialisés, ou encore la lutte contre l’obsolescence des bâtiments par leur transformation d’usage ».

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Ils implorent donc un « électrochoc indispensable avec des mesures applicables immédiatement et puissantes pour éviter que cette crise ne s’accentue encore ». Pour cela, ils préconisent d’actionner le levier du « soutien aux collectivités, pour relancer l’offre de logements et, au-delà d’un financement public lié à l’urgence, nous avons besoin de solutions bancaires ».

Avant de conclure, « l’investissement immobilier est-il un enfer ou un paradis ? Nous attendons désormais non plus une énième concertation, mais l’expression d’une volonté présidentielle claire et ambitieuse ainsi que des mesures chiffrées, un calendrier de mise en œuvre rapide et des moyens financiers adaptés aux enjeux ».

Et de menacer qu’il faille « se résoudre à assouplir le calendrier de la loi Climat et Résilience, notamment pour le rendre compatible avec les contraintes de la copropriété, sous peine de voir le parc locatif privé subir de lourdes pertes ».

Source: Le Parisien