Le cyclone Mocha fait au moins cinq morts en Birmanie et laisse des dizaines de milliers d’habitants coupés du monde

May 15, 2023
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Une maison détruite par le cyclone Mocha est visible sur l’île de Shahpori, à la périphérie de Teknaf, le 15 mai 2023. Le cyclone Mocha a traversé la Birmanie et le sud-est du Bangladesh le 14 mai, épargnant de vastes camps de réfugiés, mais provoquant une onde de tempête dans des pans entiers de l’ouest de la Birmanie où les communications étaient largement coupées. MUNIR UZ ZAMAN / AFP

Le passage du cyclone Mocha en Birmanie a fait au moins cinq morts. « Certains habitants ont été blessés » sur le passage de Mocha, a précisé lundi 15 mai la junte dans son communiqué, ajoutant que 864 maisons et 14 hôpitaux ou cliniques avaient été endommagés à travers le pays.

Avec des vents allant jusqu’à 195 kilomètres par heure, la plus grosse tempête depuis plus d’une décennie dans le golfe du Bengale s’est abattue dimanche entre Sittwe et Cox’s Bazar, au Bangladesh voisin. En fin de journée dimanche, la tempête était en grande partie passée, épargnant les tentaculaires camps de réfugiés, où vivent près d’un million de Rohingya au Bangladesh. Les autorités de ce pays n’ont fait état d’aucun mort.

Les communications avec Sittwe où vivent environ 150 000 personnes et qui a subi le plus gros de la tempête, selon les sites de suivi des cyclones, restent encore largement interrompues lundi. Les contacts reprennent progressivement lundi avec les dizaines de milliers d’habitants de cette grande ville portuaire.

Des habitants passent devant des bâtiments endommagés par le cyclone Mocha à Sittwe, dans l’Etat de Rakhine, en Birmanie, lundi 15 mai 2023. AP

La route menant à la ville était jonchée d’arbres, de pylônes et de câbles électriques, ont constaté des correspondants de l’Agence France-Presse (AFP). Une colonne de véhicules transportant des équipes de secouristes tentait de déblayer les accès à l’aide de tronçonneuses pour rejoindre la ville, sous le regard d’habitants inquiets pour leurs proches.

« Nous avons traversé le cyclone hier, coupé des arbres et repoussé des pylônes […] mais les grands arbres ont bloqué la route », a déclaré à l’AFP un chauffeur d’ambulance qui tentait d’atteindre Sittwe. Le cyclone s’est abattu sur le rivage birman dimanche, provoquant une onde de marée de plusieurs mètres et des vents violents qui ont renversé une tour de communication à Sittwe, capitale de l’Etat de Rakhine (ou Arakan), selon des images publiées sur les réseaux sociaux.

« Il n’y a pas de ligne téléphonique, pas d’Internet […] Je suis inquiet »

Les médias liés à la junte au pouvoir ont rapporté que des centaines d’antennes-relais de téléphonie mobile n’étaient plus opérationnelles. « Je veux rentrer chez moi le plus vite possible car nous ne connaissons pas la situation à Sittwe », a déclaré à l’AFP un habitant de la ville ayant requis l’anonymat. « Il n’y a pas de ligne téléphonique, pas d’Internet […] Je suis inquiet pour ma maison et mes biens. »

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a « demandé aux fonctionnaires de préparer le transport des secours vers l’aéroport de Sittwe », ont rapporté les médias d’Etat lundi, sans donner de détails sur la date d’arrivée des secours. Les problèmes de communication ne permettent pas encore d’évaluer les dégâts dans l’Etat Rakhine, où vit l’essentiel de la minorité rohingya, selon les Nations unies. « Les premières informations qui remontent laissent penser que les dégâts sont importants », a déclaré dimanche soir le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Une réfugiée rohingya ramasse ses affaires laissées dans une maison du camp de réfugiés de Nayapara, au lendemain de l’arrivée du cyclone Mocha, à Teknaf, le 15 mai 2023. MUNIR UZ ZAMAN / AFP

Au Bangladesh, où les autorités ont affirmé avoir évacué 750 000 personnes, Kamrul Hasan, un responsable ministériel, a déclaré à l’AFP que le cyclone n’avait fait aucune victime. Dans les camps de Rohingya, où environ un million de personnes vivent dans 190 000 abris de bambou et de bâches, les dégâts sont minimes. « Environ 300 abris ont été détruits par le cyclone », a déclaré à l’AFP le commissaire adjoint aux réfugiés, Shamsud Douza.

Le cyclone Mocha est la tempête la plus puissante à frapper le Bangladesh depuis le cyclone Sidr

Selon ce responsable, les autorités distribuaient à présent des bambous, des bâches et divers matériaux pour que les Rohingya sinistrés puissent rebâtir leurs abris. Les risques de glissements de terrain dans les camps sont également faibles « en raison de précipitations peu abondantes ». « Le ciel est devenu clair. Le cyclone Mocha est la tempête la plus puissante à frapper le Bangladesh depuis le cyclone Sidr », a déclaré à l’AFP Azizur Rahman, directeur du département de météorologie du Bangladesh.

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Sur l’île bangladaise de Shapuree, les habitants s’affairaient à réparer leurs maisons endommagées et à fouiller les décombres, pour récupérer des biens dispersés au passage de Mocha. En novembre 2007, Sidr avait ravagé la côte méridionale du Bangladesh, tuant plus de 3 000 personnes et causant plusieurs milliards de dollars de dégâts.

Ces dernières années, une amélioration des prévisions météorologiques et des évacuations plus efficaces ont drastiquement réduit le nombre de tués lors de cyclones. Parfois appelés ouragans dans l’Atlantique et typhons dans le Pacifique, ces cyclones constituent une menace régulière sur les côtes du nord de l’océan Indien, où vivent des dizaines de millions de personnes.

Les scientifiques ont prévenu que les cyclones devenaient plus puissants dans certaines régions du monde à cause du réchauffement climatique.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde