Aura Aero: la pépite aéronautique que la France pourrait perdre

May 15, 2023
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Lors de son "Aura Day", organisé le 12 mai, la pépite toulousaine a également présenté le design définitif de son avion ERA, dont le premier viol est prévu en 2026 et l’entrée en service en 2028. L’appareil, hybride, est propulsé par huit moteurs électriques installés le long des ailes, alimentés par deux

C’est l’histoire d’une start-up comme on en voit peu en France. Cinq ans après sa création par trois anciens d’Airbus et d’Assystem à Toulouse, Aura Aero a déjà développé deux avions de formation et de voltige , un à moteur thermique (Integral R), un électrique (Integral E), qui seront exposés au salon du Bourget (19 au 25 juin). Forte de 200 salariés et d’une usine, la jeune pousse travaille sur un avion de transport régional hybride de 19 places, ERA, qui a déjà récolté plus de 330 engagements d’achats, dont 200 avec le loueur Amedeo , connu pour ses achats d’A380. Pour construire ces avions, le groupe dirigé par l’ex-Airbus Jérémie Caussade a annoncé en mars dernier la construction d’une nouvelle usine de 30.000m2 à Toulouse-Francazal, capable d’assembler une centaine d’avions par an. Un investissement de 150 millions d’euros, dont 100 millions investis par Aura Aero.

C’est l’histoire d’une start-up comme on en voit peu en France. Cinq ans après sa création par trois anciens d’Airbus et d’Assystem à Toulouse, Aura Aero a déjà développé deux avions de formation et de voltige, un à moteur thermique (Integral R), un électrique (Integral E), qui seront exposés au salon du Bourget (19 au 25 juin). Forte de 200 salariés et d’une usine, la jeune pousse travaille sur un avion de transport régional hybride de 19 places, ERA, qui a déjà récolté plus de 330 engagements d’achats, dont 200 avec le loueur Amedeo, connu pour ses achats d’A380. Pour construire ces avions, le groupe dirigé par l’ex-Airbus Jérémie Caussade a annoncé en mars dernier la construction d’une nouvelle usine de 30.000m2 à Toulouse-Francazal, capable d’assembler une centaine d’avions par an. Un investissement de 150 millions d’euros, dont 100 millions investis par Aura Aero.

Lors de son "Aura Day", organisé le 12 mai, la pépite toulousaine a également présenté le design définitif de son avion ERA, dont le premier vol est prévu en 2026 et l’entrée en service en 2028. L’appareil, hybride, est propulsé par huit moteurs électriques installés le long des ailes, alimentés par deux turbogénérateurs thermiques, qui pourront fonctionner avec 100% de carburant durable (SAF), et quatre packs de batteries. Ce système, développé avec le soutien de Safran, permet des vols 100% électriques sur des courtes distances, ou hybrides sur des routes plus longues. Aura estime la baisse d’émissions de CO2 à environ 80% par rapport aux avions actuels de taille similaire.

"Appareil de rupture"

L’avion de 19 sièges affiche une masse maximale au décollage de 8,6 tonnes et une vitesse maximale de 555 km/h, pour un rayon d’action de 1.667 km. "C’est un maximum : le cœur du marché pour l’aviation régionale est sur des vols de 370 à 650km, rappelle Gwénola Robert, directrice commerciale d’Aura Aero. C’est pour ce segment que ERA a été optimisé". Autre atout : l’appareil sera capable d’opérer depuis des pistes courtes (800 km/h), ce qui lui permettra de desservir des aéroports secondaires. Enfin, l’appareil pourra être piloté par un seul pilote si la réglementation l’autorise, grâce au soutien technologique de Thales.

Les clients potentiels semblent séduits. "C’est un projet très excitant, assure Mark Lapidus, patron du loueur Amedeo, qui a signé une précommande de 200 appareils. Si Aura parvient à livrer ERA selon les spécifications qu’il promet, ce sera un appareil de rupture, qui aura un succès énorme." "Nous sommes particulièrement intéressés par le modèle hybride-électrique, qui a les plus fortes chances d’être commercialement viable sur le marché", abonde Bryan Keith Bedford, patron de Republic Airways, la deuxième plus grosse compagnie régionale des Etats-Unis. Sur cette gamme des petits appareils régionaux dits "commuters", Aura estime le besoin de remplacement à 2.000 appareils.

De quoi séduire les fonds d’investissement français ? On aurait pu le penser. Mais la start-up toulousaine, qui a su se relever du crash d’un de ses avions d’essais en avril 2022, qui a abouti à la mort des deux pilotes, peine à trouver la dizaine de millions d’euros qui lui manque pour poursuivre son décollage. Soutenue par la région Occitanie, Bpifrance et le fonds de capital-risque Innovacom, Aura n’arrive pas à franchir la marche suivante. "Le public a fait son travail, mais les financements privés manquent à l'appel, ce qui bloque une partie des fonds publics, expliquait Jérémie Caussade aux Echos le 2 avril. Nous avons discuté avec de nombreux fonds qui jugent notre dossier intéressant, mais qui ne sont pas structurés pour de petites levées de fonds. Nous sommes dans la fameuse "vallée de la mort" des ETI."

Levée de fonds ou délocalisation

Faute de levée de fonds en France, Aura Aero, pourtant soutenu par Safran (propulsion) et Thales (avionique), n’aurait que deux choix : se faire racheter, comme le slovène Pipistrel, pionnier de l’avion électrique acquis en 2022 par l’américain Textron ; ou la délocalisation hors de France, dans des pays (Etats-Unis ?) où l’argent coule à flots pour les start-up industrielles. Sur le marché des taxis volants électriques, le décrochage français est tout aussi patent. Ascendance, le champion toulousain du secteur, a levé 21 millions d’euros en mars. L’allemand Lilium a dépassé le milliard de dollars, et l’autre allemand, Volocopter, approche des 800 millions. Pas vraiment un bon signal, au moment où Emmanuel Macron a fait de la réindustrialisation son chantier majeur.

Source: Challenges