Guerre en Ukraine : Kiev et Zelensky maintiennent le flou sur la contre-offensive
SERGEY SHESTAK / AFP SERGEY SHESTAK / AFP
GUERRE EN UKRAINE - En demandant « plus de temps » pour le lancement de la contre-offensive de ses troupes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky semble vouloir brouiller les pistes sur le lancement précis de cette opération militaire attendue de son armée contre la Russie. Depuis cette déclaration faite à la BBC jeudi 11 mai, le président de l’Ukraine s’est lancé dans une tournée européenne pour rencontrer les principaux chefs d’État occidentaux.
Après Rome et Berlin et une étape à Paris dimanche où il s’est entretenu avec Emmanuel Macron, Volodymyr Zelensky s’est rendu à Londres ce lundi 15 mai pour récolter un nouveau soutien militaire auprès du Premier ministre britannique Rishi Sunak.
Fort des annonces de ses alliés, Zelensky a répété à Londres que Kiev avait « besoin de plus de temps » pour reprendre les zones aux mains des Russes... tout en obtenant des nouvelles aides militaires conséquentes : formations, véhicules blindés et chars légers de la part de la France ; missiles antiaériens et drones d’attaque de la part du Royaume-Uni ; tandis que l’Allemagne a proposé un nouveau plan d’aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 2,7 milliards d’euros.
🇺🇦 "Nous travaillons actuellement à la création d'une coalition d'avions de combat. Mes visites dans les capitales… https://t.co/GrLPsVj0xQ — FRANCE 24 Français (@France24_fr) Voir le tweet
Mais tout ce matériel ne pourra pas être livré avant un certain temps, et ne semble pas devoir jouer un rôle immédiat en cas de contre-offensive ukrainienne. Ces équipements seront livrés « au cours des prochains mois alors que l’Ukraine se prépare à intensifier sa résistance face à l’invasion russe en cours », a notamment précisé Downing Street dans un communiqué ce lundi. Volodymyr Zelensky a aussi réaffirmé vouloir créer « une coalition pour des avions » de combat et a d’ailleurs promis des « décisions très importantes » sur ce sujet « très prochainement », après sa rencontre avec Rishi Sunak.
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Avancées significatives à Bakhmout
Bien qu’il ne semble donc pas souhaiter précipiter les choses, cette communication de Zelensky lors de sa tournée européenne se confronte à la réalité du front, où ont lieu de premières avancées tangibles de l’Ukraine sur le front est. Depuis quelques jours, la situation autour de la ville de Bahkmout semble désormais évoluer après des mois de combats statiques : dimanche, Kiev a ainsi affirmé avoir repris « plus de 10 positions » russes dans la banlieue de Bahkmout, où « des combats acharnés » se poursuivent toujours.
« Aujourd’hui, nos unités ont capturé plus de dix positions ennemies au nord et au sud dans la banlieue de Bakhmout », a déclaré sur Telegram la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar. De son côté, Moscou affirme pourtant « avoir repoussé toutes les attaques » au « nord et au sud » de Bakhmout, balayant les affirmations ukrainiennes.
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Mais ce lundi, alors que Zelensky était à Londres, l’Ukraine a revendiqué ce qu’elle considère comme le « premier succès » de son assaut autour de Bakhmout en progressant sur les flancs des défenses russes. « L’avancée de nos troupes dans la zone de Bakhmout est le premier succès de l’offensive » visant à défendre la ville, contrôlée majoritairement par les Russes, a déclaré lundi le général Oleksandre Syrsky, le commandant des troupes terrestres ukrainiennes.
Jeu de dupes
La situation reste donc floue, même si certains observateurs du conflit affirment que ces premiers gains territoriaux n’ont rien d’anodin pour l’Ukraine. C’est notamment l’analyse de Mick Ryan, ancien haut gradé de l’armée australienne, pour qui « les assauts ukrainiens (de ces dernières 48 heures), qui ont entraîné la libération d’environ 17 kilomètres carrés de territoire ukrainien des Russes, sont parmi les plus importants observés en 2023 », selon ce qu’il écrit sur son blog.
Pour autant, il relativise ces conquêtes en soulignant l’absence d’autres attaques d’ampleur sur les zones occupées par la Russie. L’expert préfère d’ailleurs parler de « contre-offensive locale » à Bakhmout.
Et l’Ukraine n’a que peu d’intérêt à reprendre entièrement cette localité alors qu’elle peut se contenter d’épuiser les défenses russes, avec au bout l’espoir d’un « retrait humiliant politiquement » pour la Russie, comme le remarque le New York Times. D’autant plus que la Russie est grandement aidée sur place par les troupes du groupe Wagner, dont le patron Evguéni Prigojine se montre de plus en plus critique envers les décisions du Kremlin.
Une analyse partagée par Joseph Henrotin, chargé de recherche au Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux. « Bakhmout est un verrou qui empêche les Russes de poursuivre leur conquête de l’oblast de Donetsk, l’un des principaux objectifs fixés par Vladimir Poutine. Les Ukrainiens l’ont bien compris et utilisent la ville pour réduire le potentiel de l’armée russe », explique au Monde celui qui est aussi rédacteur en chef de la revue Défense & sécurité internationale.
« Il y a des signes montrant que la contre-offensive pourrait être sur Bakhmout. Mais d’autres montrent que ce pourrait être sur Zaporijia », ajoute-t-il, citant aussi la ville de Svatove (plus au nord dans la région de Louhansk), comme potentielle lieu de la contre-offensive.
Faire croire qu'elle va attaquer là, de suite. Ou ailleurs, plus tard. Il y a des signes montrant que la contre-of… https://t.co/Ek1peHaORO — Défense & Sécurité Internationale (@DSI_Magazine) Voir le tweet
Pour lui, l’Ukraine a donc intérêt à rester évasive pour conserver l’effet de surprise. Un jeu de dupes où Bakhmout pourrait tout aussi bien être l’épicentre de la future contre-offensive ukrainienne qu’un leurre pour mieux contre-attaquer ailleurs.
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Source: Le HuffPost