Dubaï veut créer d’immenses récifs artificiels… mais la nature n’en sortira pas forcément gagnante

May 16, 2023
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Dubaï veut créer d’immenses récifs artificiels… mais la nature n’en sortira pas forcément gagnante

Par l’édition du soir

À Dubaï, une entreprise veut bâtir « le plus grand récif artificiel au monde ». Il devrait s’étirer sur 200 km², dans l’esprit de la société, et comprendre logements et hôtels, notamment. Une véritable ville gagnée sur l’eau, qui vise également à devenir une destination touristique. Mais ce projet est-il vraiment écologique ?

(Carte : Ouest-France)

Dubaï, aux Émirats arabes unis, est une terre de démesure. Ici se trouvent la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa, la plus haute piscine à débordement du monde, la piscine la plus profonde au monde… Les immenses gratte-ciel de verre et d’acier côtoient les îles artificielles et le désert. Nouvelle illustration de cet attrait pour les superlatifs, une société veut à présent y créer le « plus grand récif artificiel du monde », rapporte le magazine américain Interesting Engineering. Il s’agit en réalité d’une véritable ville gagnée sur l’eau, avec notamment des logements, qui n’aura, peut-être, pas que des effets positifs sur l’environnement.

« Plus d’un milliard de coraux »

L’entreprise URB, qui se présente comme étant spécialisée dans le « développement de villes durables », veut lancer ces Dubai Reefs, les « Récifs de Dubaï ». Concrètement, il s’agit d’une sorte de récif artificiel de 200 km² qui, selon la société, doit abriter, à terme, « plus d’un milliard de coraux » et « 100 millions de palétuviers », plantes que l’on trouve dans les mangroves.

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Des récifs artificiels, ce sont des « structures immergées volontairement afin de créer, protéger, restaurer un écosystème », selon une définition livrée par l’Ifremer.

Dans le cadre du projet dubaïote, ces récifs artificiels s’accompagnent de résidences, d’hôtels, de boutiques… De quoi bâtir un véritable site touristique sur l’eau. Il y aura aussi un institut marin, le tout alimenté à 100 % par des énergies renouvelables, jure encore la société. Laquelle promet encore la création de « plus de 30 000 emplois dans l’économie verte »…

Quel impact sur l’environnement ?

Ce projet ne devrait pas avoir que des impacts positifs pour l’environnement. URB entend faire de ces Récifs de Dubaï une destination touristique, souligne encore CNN. Ce qui implique, en grande partie, des déplacements en avion – l’aéroport de Dubaï est déjà le cinquième le plus fréquenté au monde, en termes de passagers. Les autorités dubaïotes voyant désormais dans le tourisme international un « relais de croissance », comme le notait la radio France Culture l’an dernier.

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Autre élément, les récifs artificiels même peuvent aussi avoir des effets négatifs sur l’environnement. C’est ce qu’explique l’Administration d’observation océanique et atmosphérique des États-Unis (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA) : « Le développement de récifs artificiels peut entraîner une augmentation de la fréquentation globale d’une zone, ce qui signifie que les récifs artificiels et les récifs naturels seront davantage visités. Par ailleurs, si les récifs artificiels ne sont pas planifiés ou construits avec soin, ils peuvent endommager les habitats naturels. »

Reste donc à voir comment ce projet serait mené, s’il arrivait à son terme. Les Palm Islands, ces îles artificielles en forme de palmier construites à Dubaï, ont par exemple eu des conséquences environnementales « dévastatrices », comme l’écrivaient en 2013 des chercheurs iraniens dans un article publié dans la revue scientifique Procedia – Social and Behavioral Sciences. Ils évoquaient, notamment, « la détérioration des habitats marins comme les récifs coralliens » liée du dragage du sable destiné à construire ces îles.

Pour l’instant, ce projet de Dubaï Reefs s’écrit au conditionnel et est dans sa phase de recherche et de développement, souligne le quotidien The National, basé à Abou Dhabi.

Source: L'édition du soir