En Espagne, la candidature d’anciens membres de l’ETA aux élections locales embarrasse Pedro Sanchez

May 16, 2023
393 views

Manifestation indépendantiste basque à l’appel du parti EH Bildu, le 20 novembre 2021, à Bilbao. ANDER GILLENEA / AFP

La campagne pour les élections régionales et municipales espagnoles du 28 mai promettait de mettre l’accent sur la crise du logement, les listes d’attente pour l’accès aux soins, l’inflation galopante ou les conséquences agricoles de la sécheresse… C’était sans compter sur la décision de la coalition indépendantiste basque EH Bildu d’intégrer dans ses listes électorales 44 candidats condamnés, dans le passé, pour leur appartenance au groupe séparatiste armé basque ETA. Pis, parmi eux, le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) en a dénombré sept qui l’ont été pour leur participation directe à des attentats mortels ou à des assassinats.

« Voir comment la gauche abertzale [“patriote”, dans la mouvance politique proche de l’ETA] récompense des assassins est une nouvelle provocation pour les victimes, a souligné la présidente du Covite et sœur d’un élu conservateur victime de l’ETA, Consuelo Ordoñez, le 9 mai, lorsqu’elle a rendu publique l’analyse des listes électorales basques. Qu’ils puissent occuper des fonctions publiques, comme s’ils n’avaient pas représenté une très grave menace pour la démocratie dans le passé, est très préoccupant et décevant. »

Une autre association de victimes, Dignité et justice, a aussitôt porté plainte devant le parquet de l’Audience nationale, le tribunal chargé des affaires de terrorisme, afin qu’il vérifie que les candidats n’ont plus de comptes à rendre avec la justice. Elle a souligné que leur présence sur les listes « dans les municipalités mêmes où ils ont commis leurs assassinats et où vivent leurs victimes » provoque « humiliation et mépris ».

« Pactes honteux »

Certains candidats ont même ajouté à leur nom le surnom qu’ils portaient lorsqu’ils militaient au sein de l’ETA, comme Agustin Muiños Dias, dit « Tinin », sixième sur les listes du village de Legutiano, qui fut condamné à vingt-neuf ans de prison pour l’assassinat, en 1983, d’un gérant de boîte de nuit, José Antonio Julian Bayano. Ou José Antonio Torre Altonaga dit « Medius », ancien électricien qui avait aidé un commando de l’ETA à installer une bombe dans une centrale nucléaire en construction en 1978. L’explosion avait tué deux employés.

Depuis une semaine, la controverse ne désenfle pas et met le Parti socialiste (PSOE) dans l’embarras. Le chef du gouvernement de gauche, le socialiste Pedro Sanchez, s’est en effet appuyé tout au long de la législature sur les cinq députés de EH Bildu comme force d’appoint de sa majorité relative, pour faire adopter les lois de finances et ses principales réformes. Le Parti populaire (PP, droite) a saisi la perche qui lui était tendue pour lui reprocher des « pactes honteux » et « indécents » avec EH Bildu, présidé par l’ancien etarra Arnaldo Otegi.

Il vous reste 48.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde